Les animaux de compagnie vivant avec des personnes infectées par la Covid-19 ont huit fois plus de risques d’être touchés que leurs congénères. C’est ce que révèle une étude codirigée par l’UMR MIVEGEC et publiée dans la revue One Health.

Suite à l’émergence du virus fin 2019, la question du rôle potentiel des animaux de compagnie dans l’épidémiologie du SARS-CoV-2 a fait l’objet d’une attention très précoce. Ceci à la fois en raison de la probable origine animale du virus mais aussi de l’existence de coronavirus proches circulant déjà chez les animaux domestiques. Cette étude française avait pour but de rechercher sur des chiens et des chats la confirmation d’une infection par la Covid-19.

Chien et Covid

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Recherche multidisciplinaire pour une approche One Health

Les travaux ont été menés conjointement par des médecins, des vétérinaires et des virologues français de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), du Centre Hospitalier Régional Universitaire (CHRU) de Besançon, de l’Université VetAgrosup et du Centre International de Recherche en infectiologie de Lyon. Cette équipe aux compétences complémentaires s’est fixée pour objectif d’évaluer l’intensité de la circulation du SARS-CoV-2 parmi les animaux domestiques, dans une approche résolument One Health qui promeut une approche intégrée, systémique et unifiée de la santé publique, animale et humaine.

Chien et Chat, infectés par la Covid

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Une circulation active mais asymptomatique chez les chiens et les chats

« Nous avons prélevé des échantillons sanguins sur deux groupes d’animaux : un groupe à risque élevé et un à risque modéré » explique Eric Leroy, virologue à l’UMR MIVEGEC. Le premier groupe comportait 47 animaux (13 chiens et 34 chats) considérés comme à risque élevé car issus d’un foyer dans lequel a minima un cas de COVID-19 humain avait été diagnostiqué. Le second, à risque modéré, était constitué de 38 animaux (16 chats et 22 chiens) dont le statut des propriétaires était inconnu. Les deux groupes d’animaux ont été prélevés entre les mois de mai et juin 2020. Parmi les animaux à risque modéré, seul un chat présentait des anticorps contre le SARS-CoV-2. En revanche, dans le groupe à risque élevé, plus de 20% des animaux (8 chats et 2 chiens sur les 47 animaux) se sont révélés positifs, ce qui suggère une circulation virale plus importante qu’anticipée initialement. « Ces infections ne se sont pas traduites par la présence de signes cliniques marqués, ce qui indique que l’infection naturelle des animaux domestiques par le SARS-CoV-2 se manifesterait probablement sous forme bénigne voire asymptomatique » confie Eric Leroy.

Chien et Covid

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Origine humaine de l’infection ?

Cette enquête sérologique ne permet pas d’identifier de manière catégorique l’origine de la contamination mais le fait que le risque pour un carnivore domestique d’être infecté par le SARS-CoV-2 soit aussi élevé s’il réside chez une personne positive au COVID-19 constitue un fort argument de l’origine humaine de l’infection surtout que certains animaux sont sédentaires et ne vivent que dans le foyer familial. « Les prochains travaux auront pour but de confirmer à grande échelle ces résultats et de s’assurer que les animaux infectés en conditions naturelles excrètent peu le virus et, ainsi, ne constituent pas, à leur tour, un risque majeur pour l’Homme » explique Eric Leroy. Dans l’attente de connaissances plus précises, et afin de protéger nos animaux de compagnie, nous rappelons la recommandation de l’OIE?OIE - World Organisation for Animal Health, de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie vétérinaire de France : adopter les gestes barrière classiques et éviter les contacts des personnes infectées par le SARS-CoV-2 avec leurs animaux de compagnie pendant toute la durée de la maladie.
 

Publication : Fritz, M., Rosolen, B., Krafft, E., Becquart, P., Elguero, E., Vratskikh, O., Denolly, S., Boson, B., Vanhomwegen, J., Ar Gouilh, M., Kodjo, A., Chirouze, C., Rosolen, S., Legros, V., Leroy, E. 2020. High prevalence of SARS-CoV-2 antibodies in pets from COVID-19+ households, One Health, Volume 11, 100192 https://doi.org/10.1016/j.onehlt.2020.100192 

Contact science : Eric Leroy, UMR MIVEGEC eric.leroy@ird.fr
 

Contacts communication : Fabienne Doumenge, Julie Sansoulet communication.occitanie@ird.fr