Le programme d’archéologie préventive de Nachtigal amont a été une belle expérience humaine, partagée avec les populations locales, et une prouesse organisationnelle qui a permis des avancées scientifiques majeures pour l’histoire du Cameroun et de l’Afrique centrale. 

Le chantier de barrage de Nachtigal Amont, à 60 km au nord de Yaoundé, est un projet majeur pour la production électrique du Cameroun. Dans le cadre du suivi de l’impact environnemental du chantier, une équipe franco-camerounaise portée par l’IRD adossé au laboratoire mixte international Dynamique des écosystèmes continentaux d’Afrique Centrale (DYCOFAC) a remporté un appel d’offre public auprès de la Nachtigal Hydro Power Company (NHPC) pour un montant de plus de 670 000 euros entre 2019 et 2023.

Plus de 200 sites archéologiques ont été découverts et près de deux tonnes de vestiges ont été préservées.

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Cela a permis de monter un véritable projet scientifique axé sur les interactions entre les sociétés humaines et leurs environnements dans la longue durée. Ainsi, des vestiges alimentaires et des restes de plantes cultivées préhistoriques ont pu être étudiés, montrant à la fois l’ancienneté des pratiques agricoles dans la région et leurs évolutions postérieures. 

Il a été également possible de montrer que la matière organique des sols archéologiques a été modifiée par l’impact humain.

Les méthodes novatrices mises en œuvre ont permis des avancées scientifiques majeures pour la région : l'archéobotanique et l'étude des amidons conservés dans les parois des céramiques ont aidé à reconstituer une part importante des régimes alimentaires du passé, notamment de céréales soudaniennes aujourd'hui moins populaires comme le millet ou le sorgho. Elles permettent aussi d'expliquer l'impact humain, largement sous-estimé dans les paysages d'Afrique centrale.

Du vestige aux vertiges

Documentaire disponible sur IRD Multimedia 

Contact : Geoffroy de Seaulieu, archéologue, directeur de recherche UMR Paloc