En salles le 30 mars 2022. Réalisé par Raphaël Girardot et Vincent Gaullier. Co-produit par l’IRD, ISKRA et Look at Sciences.

Dans le camp ouvert à Paris, Porte de la Chapelle, des réfugiés sont en transit. Quelques jours à peine d’humanité dans ce centre de « premier accueil ». Là, ils se reposent de la rue où ils ont échoué à leur arrivée en France après un voyage de plusieurs mois. Souvent de plusieurs années. Mais déjà, ils doivent affronter la Préfecture et entendre la froide sentence administrative.

© ISKRA

Pendant 18 mois installés dans le camp, Raphaël Griardot et Vincent Gaullier rencontrent de nombreux réfugiés. Ils restent aux côtés de tous ceux qui donnaient leur accord d’être filmés.

Ils filment leur premier entretien où les traces de la rue sont encore visibles, puis les retrouvailles heureuses avec leurs compatriotes, le passage obligé au Samu Social pour partager leurs problèmes physiques ou psychiques jusqu’à leur chambre où enfin ils pouvaient se reposer et se raconter.

Après ces quelques jours de répit, ils filment aussi à la Préfecture, où se déroule la prise d’empreintes et où les réfugiés apprennent le sort qui leur est réservé.

 

Extrait de « L’ambiguïté du camp », un entretien avec Michel Agier à propos de Que m'est-il permis d'espérer :

Il existe une sorte de dualité dans ce camp de la Chapelle – pour ne pas dire de duplicité. Les gens arrivent, ils sont totalement épuisés, ils décompressent dans cet endroit de repos. Cet état de fatigue générale nous est donné à voir dès l’ouverture du film. Face à toutes ces épreuves que les réfugiés ont vécues, visibles sur les visages, sur les corps, audibles dans les paroles, il y a presque de la tendresse chez les accueillants. Les bénévoles, les salariés d’Emmaüs Solidarité, les soignants que l’on aperçoit leur renvoient du respect, de la dignité, de la reconnaissance, jusqu’à prêter une attention particulière à l’orthographe des noms de famille (…) Mais dans ce même lieu, on perçoit également la présence de l’État. C’est toute l’ambiguïté du camp de la Chapelle.

Ce n’est donc pas uniquement d’accueil dont il s’agit ici, (...) c’est donc également une porte d’entrée du circuit administratif, du futur labyrinthe bureaucratique qui attend les réfugiés ; un piège en quelque sorte.

Au sein de ce camp de la Chapelle, de ce lieu contraint, on voit aussi toute la richesse d’un monde cosmopolite, d’une Babel de rencontres et d’échanges entre réfugiés, cette « intelligence de la frontière » : on se raconte les langues qu’on a apprises tout au long du parcours, les expériences et leurs enseignements.

Michel Agier est anthropologue, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et directeur de recherche émérite à l’IRD. Il a notamment publié L’Étranger qui vient. Repenser l’hospitalité (Seuil, 2018) et a dirigé, avec Marjorie Gerbier- Aublanc et Evangeline Masson-Diez, Hospitalité en France.

Calendrier des projections/débats avec les réalisateurs et les chercheurs et chercheuses de l'IRD

Bondy - Cinéma André Malraux

  • Samedi 9 avril à 20h00- avec Tony Rublon, doctorant en géographie rattaché au Ceped (IRD/Université de Paris)

Paris - Cinéma Saint André des Arts

  • Mercredi 6 avril à 20h30 - avec Michel Agier, anthropologue et directeur de recherche à l'IRD/EHESS et Alice Elkouby-Croisé, étudiante master migrations EHESS
  • Vendredi 15 avril à 20h - avec Manuela Frésil, réalisatrice et Karna Coulibaly, doctorant en santé publique rattaché au Ceped (IRD/Université de Paris)

Tous les débats en présence des réalisateurs et de leurs invités

Thumbnail

Que m'est-il permis d'espérer

  • 97 minutes
  • Production : ISKRA - IRD - proarti - La Huit - Look at Sciences