Helen Gurgel est professeure à l’Université de Brasilia. Après l’obtention de son Master en télédétection, elle est venue en France en 2001 réaliser une thèse à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) et à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), au sein de l’UMR ESPACE-DEV. Elle est ainsi diplômée en géographie humaine, économique et régionale. Spécialisée en géographie de la santé, elle poursuit sa collaboration avec l’Institut amorcée pendant son doctorat et a obtenu en 2016 un financement pour constituer une Jeune Equipe de recherche Associée à l’IRD.

Portrait d'Helen Gurgel, responsable de la JEAI "GITES".

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De 2016 à début 2019, Helen Gurgel a été responsable de la Jeune équipe associée à l’IRD (JEAI), « GITES », qu’elle a dirigée avec Anne-Elisabeth Laques, directrice de recherche au sein de l’UMR « L’espace pour  le développement » (ESPACE-DEV). Sa longue histoire de partenariat scientifique avec l’Institut de recherche pour le développement (IRD) tient à une succession de rencontres. « J’ai croisé la route de Nadine Dessay et Laurent Durieux, actuellement chercheurs à l’IRD, lorsque j’étais étudiante de Master à l'Instituto Nacional de Pesquisas Espaciais (INPE) de São Paulo. Ils faisaient leur doctorat au Brésil. Nadine m’a convaincue de faire une thèse en France, sous la direction d’Hervé Théry, chercheur au CNRS et professeur à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) à l’époque », raconte la chercheuse. Après avoir obtenu une bourse de recherche de 4 ans pour étudier à l’étranger, Helen Gurgel passe sa première année au sein de l’ENS. Elle commence à construire son réseau. Helen rencontre Jean-Marie Fotsing, membre de l’unité de service ESPACE de l’IRD. Ce dernier devient son co-directeur de doctorat avec Hervé Théry.

Elle développe alors une thématique de recherche novatrice, la géographie de la santé. « Pendant mon année de Master en télédétection, j’avais conçu une série d’analyses spatio-temporelles pour établir le lien entre la dynamique des changements climatiques et le cycle de la végétation au Brésil. Un de mes professeurs m’avait suggéré d’étudier le lien entre ces facteurs et l’évolution du paludisme en Amazonie. J’ai suivi son conseil et j’ai réalisé ma thèse sur cette maladie infectieuse et les dynamiques environnementales dans l’état de Roraima au Brésil. » Après l’obtention de son doctorat en 2006, Helen réalise un post-doctorat à l'INPE au Brésil en collaboration avec l’IRD, et travaille successivement au Ministère de la santé et au Ministère de l’environnement en tant qu’experte en système d’informations géographique. Elle devient professeure à l’Université de Brasilia en 2011. « A cette époque, il y avait un Laboratoire mixte international (LMI)?Les laboratoires Mixtes internationaux (LMI) sont des outils déployés par l’IRD. Un LMI est co-construit et codirigé par des équipes d’une ou plusieurs institutions de recherche et d’enseignement supérieur des pays en développement, et d’une ou plusieurs UMR affiliées à l’IRD, autour d’une thématique scientifique ciblée et d’une plateforme commune (locaux, plateformes analytiques, équipements, etc.). dans la même université, au département de géologie. Ce qui m’a permis d’avoir accès à du matériel. J’ai ainsi développé ma thématique et monté mon laboratoire de recherche. Ça a été un tremplin pour préparer la demande de JEAI », explique Helen. En 2016, la scientifique devient responsable de la JEAI GITES, en collaboration avec Anne-Elisabeth Laques, connue lors de son post-doctorat. L’objectif de leur programme de recherche est de développer des méthodes, des outils et des indicateurs permettant d’appréhender les disparités spatiales des conditions de santé avec les dynamiques socio-environnementales des territoires, intégrant ainsi le rôle des politiques publiques.

 

A l’heure du bilan, Helen Gurgel témoigne de l’importance qu’a eue la JEAI dans son parcours. « Outre les recherches menées, ce projet nous a permis de former une vingtaine d’étudiants, aux niveaux doctorat, master et licence. Il nous a également permis de faire émerger un réseau scientifique national et international dans le domaine de l’environnement et de la santé. A titre plus personnel, le projet m’a permis de consolider le laboratoire que je coordonne, le Laboratório de Geografia, Ambiente e Saúde (LAGAS), et d’implanter ma discipline, la géographie de la santé, au sein des programmes universitaires. La JEAI a également été un passeport pour obtenir d’autres financements. » La chercheuse conclut plus largement sur l’importance des partenariats dans sa carrière académique, et le sens qu’ils portent pour elle. « Pour moi, le partenariat est lié au mot amitié. Une amitié se construit dans le temps, en se fondant sur la confiance que l’on accorde à l’autre. Mes partenaires sont mes amis. Pour arriver à avancer, on a besoin de cette forteresse. Et c’est pourquoi il est primordial de travailler avec les étudiants, c’est essentiel pour les aider à construire tout ça. »