Depuis 2016, Hermione Koussihouèdé est doctorante à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Agronome de formation, elle a choisi d’étudier les systèmes forestiers et d’agriculture familiale dans son pays d’origine, le Bénin. Actuellement en train de finaliser sa thèse, la doctorante, étudiante dans un pays en développement où de plus en plus de femmes s’orientent vers des carrières scientifiques, nous raconte son parcours académique et parle de son avenir.

Portrait d'Hermione Koussihouèdé, doctorante ARTS.

© Fernand Anani

« Considérant l'importance de la famille et des enfants aux yeux des femmes, nous avons une approche unique de la science et de son application, favorisant et valorisant la dimension humaine des sciences et de la technologie par l'amélioration de la qualité de vie et de la condition humaine. »

Cette citation de Lydia Makhubu, chimiste africaine, présidente de la Third world organization for women in science (TWOWS) et vice-recteur de l'Université du Swaziland, pourrait parfaitement décrire Hermione Koussihouèdé. Cette jeune scientifique est titulaire d’une allocation de recherche pour une thèse au sud (ARTS), un programme de renforcement de capacités financé par l’IRD sur une période de 36 mois. Avec ce financement, la doctorante a pu réaliser une thèse entre le Bénin et le Sénégal, et accomplir ainsi son rêve d’enfant. « Quand, à l’école, on me demandait le métier que je souhaiterais faire, je répondais toujours « chercheuse ». Je ne savais pas exactement ce que cela signifiait. Je voyais des personnes en blouse blanche à la télévision, avec des lunettes. Elles me paraissaient sérieuses. Je voulais être comme elles ! »  

Après l’obtention d’un baccalauréat scientifique, Hermione choisit de s’orienter vers des études en agronomie, malgré la pression familiale qui la pousse vers la médecine. Elle fait ce choix certes parce que le secteur agricole a une importance économique capitale au Bénin, mais aussi, et surtout, parce que les relations humaines sont au cœur de cette activité : « En Afrique, l’agriculture est liée à la ruralité. Souvent, quand on étudie, on est loin de cette réalité. Travailler en agronomie, c’est être sur le terrain, c’est discuter avec les agriculteurs, c’est essayer d’améliorer avec eux leurs manières de cultiver la terre pour nourrir la population. Ce sont des valeurs qui me ressemblent », explique la jeune femme.

 

Lors de ses études à la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) de l’Université d’Abomey-Calavi, l’étudiante rencontre Guillaume Amadji, directeur du Laboratoire des sciences du sol de la FSA et Hervé Aholoukpè, chercheur au Centre de recherche agricole des plantes pérennes (CRA-PP). Après l’obtention de son Master, elle saisit l’opportunité de réaliser une thèse de doctorat sous leur direction. « Hervé avait écrit un projet sur les services écosystémiques des systèmes agroforestiers villageois à base de palmier à huile. Au vu de ses expériences avec l’IRD et de ses collaborations avec Cathy Clermont-Dauphin et Bernard Barthes, tous deux chercheurs au sein de l’UMR Eco&Sols, il a soumis ce projet pour monter une Jeune équipe de recherche associée à l’Institut (JEAI). Il m’a proposé d’intégrer le projet en tant que doctorante et, avec Cathy, a déposé ma candidature pour obtenir une bourse de recherche ARTS. Et ça a fonctionné ! » Hermione est en train de finaliser sa thèse sur l’évaluation des performances agronomiques de ces systèmes au Sud Bénin. La finalité de cette recherche est d’identifier les leviers à actionner pour améliorer les rendements des palmiers à huile cultivés en association avec une culture vivrière (manioc, tomate, ananas) lorsqu’ils sont en phase immature.     

    

Au terme de ces 3 années, elle fait le bilan de son expérience avec l’IRD. « Le financement dont j’ai bénéficié de la part de l’Institut a été crucial. Sans cette bourse, je n’aurais pas pu effectuer les recherches liées à ma thèse. Mais le financement obtenu n’est pas le seul intérêt. J’ai surtout bénéficié des compétences de chercheurs de l’IRD et d’un accompagnement par le biais de diverses formations. Cela a été primordial. » De plus, grâce à son époux, la jeune scientifique, également maman de deux petites filles, a pu concilier vie personnelle et vie professionnelle. Et elle ne compte pas s’arrêter là. « Pendant mes années de doctorat, j’ai identifié différents aspects de mon projet qui mériteraient d’être approfondis. Aussi, je compte chercher des financements pour faire un stage postdoctoral. Accompagner les communautés rurales par mes travaux de recherche, contribuer à l’accroissement des connaissances scientifiques en agronomie sont deux objectifs essentiels à atteindre pour moi. Pour cela, je souhaiterais m’engager pleinement dans la recherche, m’investir davantage dans la formation académique et travailler sur des projets de sécurité alimentaire », conclut-elle.

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Hermione Koussihouèdé a récemment participé à une vidéo de Max Bird, vulgarisateur scientifique et vidéaste français.