Jhan Carlo Espinoza est lauréat du programme « Make our planet great again » (MOPGA) lancé le 1er juin 2017 par le Président de la République française. Depuis octobre 2018, il a intégré l’Institut des Géosciences de l’Environnement (IGE) en tant que chercheur afin de mener à bien son projet « AMANECER – Connexion Amazone-Andes ». Ce partenariat international s’inscrit dans la continuité d’une collaboration commencée il y a plusieurs années avec l’IRD.

Portrait de Jhan Carlo Espinoza, lauréat du programme "Make our planet great again".

© Instituto Geofisico del Perù - IGP

Jusqu’en juillet 2018, Jhan Carlo Espinoza était chercheur à l’Institut de Géophysique du Pérou et responsable de la Direction des Sciences de l’Atmosphère et de l’Hydrosphère au sein de celui-ci. Sa carrière prend une nouvelle direction lorsque son projet sur la connectivité entre l’Amazonie et les Andes, AMANECER, est sélectionné par le jury international du programme prioritaire de recherche français, « Make our planet great again » . Le scientifique, formé grâce à une bourse de l’IRD, devient alors chercheur à l’IGE. L’aboutissement de plus de dix années de collaboration avec l’Institut. « J’ai rencontré Jean-Loup Guyot, hydrologue à l’IRD, lorsque j’étais ingénieur. Il venait d’arriver au Pérou pour monter le projet HYBAM sur les régimes hydrologiques, sédimentaires et géochimiques des cours d’eau du bassin amazonien. Il s’est intéressé à mon travail. C’était il y a 15 ans » , explique le jeune scientifique péruvien. Il découvre par la même occasion le métier de chercheur. « A l’époque, je ne savais pas que l’on pouvait poursuivre une carrière professionnelle consacrée à la recherche. » Deux ans plus tard, Jhan Carlo obtient le financement du Programme « Bourses de thèse » de l’Institut, programme précurseur de l’Allocation de recherche pour une thèse au Sud (ARTS). En 2005, il commence son doctorat sous la direction de Jean-Loup Guyot et Josyane Ronchail, professeure à l’Université Denis Diderot – Paris 7, et tous deux chercheurs au sein du Laboratoire d’Océanographie et du Climat – Expérimentations et Approches Numériques (LOCEAN).

De retour dans son pays d’origine en 2011, après deux post-doctorats en Argentine (Programme CLARIS-LPB) puis au Brésil (CNES), Jhan Carlo est recruté par l’Institut de Géophysique du Pérou afin de créer l’unité « Hydrologie et Sols » au sein de la Direction des Sciences de l’Atmosphère et de l’Hydrosphère. Dans le même temps, il devient membre du Laboratoire Mixte International?Les Laboratoires Mixtes Internationaux (LMI) sont des outils déployés par l’IRD. Un LMI est co-construit et codirigé par des équipes d’une ou de plusieurs institutions de recherche et d’enseignement supérieur des pays en développement, et d’une ou plusieurs UMR affiliées à l’IRD, autour d’une thématique scientifique ciblée et d’une plateforme commune (locaux, plateformes analytiques, équipements, etc.). Great-Ice. Des collaborations avec les scientifiques de l’IGE se tissent alors. Ensemble, ils proposent un projet dans le cadre du grand plan d’investissement français, MOPGA. « Mes collègues de l’IGE étudient surtout les processus hydriques de montagne. Moi, je suis spécialiste de l’hydrologie de l’Amazonie. Nos compétences se complètent » , précise le chercheur. Pendant 4 ans, le groupe de recherche va étudier l’interaction entre l’Amazonie et les Andes, et s’attacher à mieux comprendre l’impact de la forêt amazonienne sur le climat andin. Pour mener à bien leur projet, les scientifiques vont conjuguer un ensemble de données disponibles sur les sols et l’atmosphère. In fine , ils proposeront des modèles mathématiques prédisant différents scénarios climatiques et de changements de la forêt amazonienne.

 

Au-delà du volet scientifique, le chercheur espère peser sur les décisions politiques futures concernant le climat. « Il faut que les connaissances scientifiques que nous allons apporter avec AMANECER donnent des outils forts aux décideurs. En 2019, je ferai partie des auteurs du prochain rapport du GIEC sur les changements climatiques et le sol. Il nous faudra préciser le rôle de l’Amazonie et de la forêt tropicale en général sur le climat, faire un bilan de nos connaissances, et soulever les questions auxquelles nous devons encore répondre. » Enfin, le projet permettra également la formation de plusieurs étudiants. « Nous avons décidé de mettre l’accent sur le renforcement des capacités au Sud, et de recruter deux doctorants et un post-doctorant. Je suis bien conscient du manque de chercheurs dans les pays sud-américains. J’ai moi-même été formé par l’Institut. Pour moi, l’IRD est donc l’institution la mieux placée pour diriger ce genre d’initiative. »