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Khassoum Correa réalise actuellement une thèse de doctorat avec le soutien de l’IRD. Spécialisé en océanographie, il a choisi d’étudier les communautés de phytoplancton au large du Sénégal grâce aux données satellitaires. Il participe également au programme SCOPES, dédié à la compréhension de l’écosystème planctonique de l’océan côtier sud-sénégalais. Il nous raconte son parcours marqué par des rencontres décisives et ses aspirations pour le futur. Rencontre avec un jeune talent de l’IRD.

© Khassoum Correa

« Je suis né à 200 mètres du bord de mer, en Casamance » raconte Khassoum. Enfant, lorsqu’il n’est pas à l’école, il passe son temps à nager et jouer sur la côte sénégalaise. Doué en mathématiques et en sciences, il se dirige vers un bac scientifique, puis des études de physique-chimie à l’Université Cheikh-Anta-Diop à Dakar. Issu d’un milieu modeste, Khassoum n’avait alors jamais imaginé évoluer dans le monde de la recherche, et encore moins en océanographie.

Au cours de ses études, deux rencontres vont marquer son parcours. Il y a d’abord Alex, un étudiant tchadien et voisin à l’université. Un jour, en passant dans le couloir, Alex voit Khassoum en train de traiter des équations de mécanique des fluides qu’il avait l’habitude de voir dans son laboratoire. Il se rappelle : « Alex m’a interpellé pour me dire que je pourrais être utile au labo. C’est comme ça que la discussion a commencé. Je suis ensuite allé découvrir ce qu’ils faisaient là-bas et ça m’a convaincu. C’est à partir de ce moment-là que j’ai décidé de m’aventurer à faire une thèse. »

 

 « J’ai tout de suite aimé l’océanographie qui m’est apparue comme un domaine stratégique pour moi et pour mon pays. D’une part, il n’y avait pratiquement pas de chercheurs sénégalais dans ce domaine à l’époque, c’était en plein développement, tout était à faire, et c’était de fait moins concurrentiel que d’autres disciplines. Et d’autre part, j’ai pensé que ces travaux pourraient fortement intéresser le Sénégal, dont la population dépend en grande partie des ressources maritimes » précise-t-il. Il intègre alors le master de « Météorologique, océanographique et gestion des milieux arides » au sein du Laboratoire de physique l’atmosphère et de l’océan Siméon Fongang (LPAOSF) au Sénégal. Il y fait une autre rencontre décisive, celle d’Éric Machu, biogéochimiste marin à l’IRD, détaché au Sénégal, qui l’oriente vers la biologie marine. Celui-ci l’encadre pour son mémoire de master consacré à la télédétection par satellite de la biomasse de phytoplancton du plateau sénégalais.

 

De 2015 à 2016, après l’obtention de son diplôme de master, Khassoum travaille pour la société française iXSurvey dans le cadre d’un projet sénégalais de désalinisation de l'eau de mer. Il est le responsable scientifique chargé de l’échantillonnage et de la distribution des données et passe beaucoup de temps en mer. Puis en 2017-2018, il retourne en laboratoire de recherche pour collaborer de nouveau avec Éric Machu. Fin 2018, il obtient une allocation de recherche pour une thèse au sud (ARTS), un programme de renforcement de capacités financé par l’IRD, ainsi qu’un financement de la région Bretagne. Khassoum va caractériser les communautés phytoplanctoniques en s’appuyant sur les données satellitaires de l’écosystème des Canaries. Khassoum met au point un programme informatique afin d’améliorer la fiabilité des observations recueillies, ce qui augmente d’autant leur exploitabilité.

 

Actuellement, Khassoum termine la rédaction de sa thèse. Sa soutenance initialement prévue en décembre 2022 a été repoussée par la dernière campagne SCOPES dans laquelle il est fortement investi. SCOPES a pour objectif de mieux comprendre le fonctionnement de l’écosystème planctonique dans les eaux sénégalaises. Dans ce cadre, Khassoum a réalisé des observations côtières, en partant relever en pirogue à intervalles réguliers les paramètres physiques de l’océan (oxygène, température, salinité, phytoplancton…). 

 

Quand on lui parle d’avenir, le jeune doctorant se projette sans hésitation. A court terme, il prévoit d’effectuer un post-doctorat dans un pays anglophone pendant deux ans maximum afin de continuer à développer sa culture scientifique. Ensuite, il veut revenir au Sénégal pour exploiter et travailler les données produites en grande quantité pendant sa thèse. Khassoum a toujours aimé l’enseignement. Il souhaite à terme devenir enseignant-chercheur afin de développer l’océanographie au Sénégal.