Mahamane Haidara est fraîchement titulaire d’un doctorat de l’Université Paul Sabatier (Toulouse). Pour le réaliser, il a reçu une Allocation de recherche pour une thèse au sud (ARTS) de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Egalement pharmacien diplômé de la Faculté de Médecine de Pharmacie et d'Odontostomatologie (FMPOS) de Bamako, il a choisi de se spécialiser dans la pharmacognosie, l’étude des médicaments d’origine végétale. Sept mois après sa soutenance, le jeune docteur revient sur son expérience française.

Portrait de Mahamane Haidara, doctorant ARTS.
© IRD - Evelyne Roggerone
« Au collège et au lycée, j’étais brillant en mathématiques, physique, et chimie. C’est pour cette raison que l’on m’a orienté en science exacte. Ce qui me convenait parfaitement car cette orientation permettait d’accéder aux formations d’ingénierie. Et je rêvais d’être architecte ! » explique Mahamane Haidara. Mais le Mali ne disposant pas d’école d’architecture, le jeune homme s’inscrit finalement à la Faculté de Médecine de Pharmacie et d'Odontostomatologie (FMPOS) de Bamako. « Je n’aimais pas du tout la santé ! », avoue-t-il. C’est en 3e année que Mahamane ressent un déclic. « J’ai été très impressionné par Rokia Sanogo et Drissa Diallo, mes enseignants de pharmacognosie. Je les ai immédiatement contactés pour effectuer un stage au sein du Département de médecine traditionnelle de l’Institut National de Recherche en Santé Publique (INRSP) de Bamako. Celui-ci m’a conforté dans l’idée que je devais faire ma thèse d’exercice en pharmacie sur les plantes médicinales. » Il est diplômé en 2008, et devient pharmacien praticien.
En 2011, toujours passionné par la recherche scientifique, Mahamane candidate au « Programme de formation des formateurs » mis en place par le Ministère de l’enseignement supérieur du Mali. Cette bourse lui permet de réaliser un Master 2 recherche en pharmacologie, à l’Université Paul Sabatier de Toulouse. Geneviève Bourdy, ethnopharmacologue de l’IRD au sein de l’UMR « Pharmacochimie et Biologie pour le développement » (PHARMADEV) devient sa directrice de recherche. « Une collaboration s’était nouée entre elle et Rokia Sanogo en 2008. » Ses travaux visent à caractériser l’effet cytotoxique de trois plantes médicinales utilisées traditionnellement dans le traitement des hépatites au Mali, en vue de les employer dans le traitement du cancer du foie?Les travaux de Master et Doctorat réalisés par Mahamane Haidara, sous la direction conjointe de Geneviève Bourdy, ethnopharmacologue de l’IRD au sein de l’UMR PHARMADEV, et de Rokia Sanogo, professeure de pharmacognosie à l’USTTB et cheffe du Département de médecine traditionnelle de l’INRSP, se sont déroulés conformément aux lois régissant l’accès à la biodiversité et aux connaissances traditionnelles du Mali.. À la fin de son Master, Mahamane candidate à une Allocation de recherche pour une thèse au sud (bourse ARTS). Et cela fonctionne ! En 2015, il intègre pour 3 ans le programme de renforcement des capacités de recherche dans les pays du Sud financé par l’IRD.
Le doctorant entame une thèse sous la direction de celles qui le soutiennent depuis plusieurs années déjà, Geneviève Bourdy et Rokia Sanogo. Sa thèse porte alors sur l’activité antipaludique de plantes médicinales maliennes. « Ce programme fondé sur la mobilité était idéal pour moi. J’ai pu profiter de plateaux techniques de pointe dans mon laboratoire d’accueil, en France. En même temps, j’ai contribué à la reconnaissance des ressources de la médecine traditionnelle disponibles au Mali. » Le jeune scientifique y a donc vu là une belle opportunité professionnelle mais pas seulement. « Je suis époux et père de 3 enfants. Ma deuxième fille est née deux mois avant que je ne parte en France. Quand je suis rentré, elle ne me connaissait pas. Elle se tournait plus volontiers vers mes amis. Ça a été une expérience douloureuse. Aussi, pouvoir rentrer dans mon pays pendant ma thèse était vraiment nécessaire. »
Concernant son avenir, Mahamane Haidara, qui a soutenu sa thèse en février 2018, est très clair. « Sur la base des plantes étudiées pendant mon doctorat, nous envisageons aujourd’hui de mettre au point un nouveau médicament traditionnel amélioré. Celui-ci pourrait être utilisé pour la prise en charge du paludisme simple et des affections hépatiques. Des études doivent encore être menées », explique-t-il. Sur une prochaine collaboration avec l’IRD, le scientifique n’hésite pas : « Je suis très intéressé par le dispositif de Jeune Equipe de recherche Associée à l’IRD (JEAI). Je pense commencer à écrire un projet rapidement afin d’être en mesure de candidater l’année prochaine. »