Depuis 2019, Moussa Boubacar Moussa réalise une thèse, avec le soutien de l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Spécialisé en hydrogéologie, il a choisi son pays d’origine, le Niger, pour poursuivre sa formation à la recherche. Il y étudie la pollution des eaux de surface à proximité de la ville de Niamey. Actuellement en train de collecter des données, et ce malgré le contexte sanitaire lié à la pandémie de la Covid-19, le doctorant nous raconte son parcours académique et explique pourquoi sa mission de terrain a dû se poursuivre.

Moussa Boubacar Moussa
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« Quand j’étais enfant, j’étais fan de Nicolas Hulot. Je ne manquais pas une seule de ses émissions. C’est grâce à son magazine, Ushuaïa, que j’ai développé mon amour pour l’environnement. Aujourd’hui encore, il m’arrive de regarder d’anciennes vidéos sur YouTube. » Son intérêt pour la nature est tel qu’une fois bachelier, Moussa Boubacar Moussa décide d’étudier la géologie. Elève doué, il obtient une bourse d’études supérieures et choisit de s’inscrire à l’université d’Abou Bekr Belkaid, à Tlemcen, en Algérie ; l’université dispose d’un excellent cursus. A l’issue de son master en hydrogéologie appliquée, il s’oriente vers un doctorat avec une idée en tête. « Etudier à l’étranger est enrichissant. Cela permet d’acquérir des compétences qui n’existent pas ou peu dans son pays d’origine. Mais mon souhait profond a toujours été d’offrir à mon pays, le Niger, ce que j’ai appris ailleurs », explique Moussa. Ses vacances d’été sont l’occasion pour l’étudiant de prendre contact avec des enseignants-chercheurs du département de géologie de l’université Abdou-Moumouni, à Niamey. Moussa rencontre notamment Amadou Abdourhamane Touré, maître de conférences spécialiste de l’érosion éolienne et de l’ensablement des lacs sahéliens ; il devient son mentor.
Le jeune homme bénéficie ainsi de son expertise scientifique mais aussi et surtout de son expérience en matière de partenariat scientifique Sud-Nord. M. Abdourhamane Touré a obtenu un financement de l’IRD pour effectuer sa thèse. Il a été formé, entre autre, par Jean-Louis Rajot, chercheur de l’IRD au sein de l’Institut d’Ecologie et des Sciences de l’Environnement de Paris (iEES – Paris). Ses liens avec l’IRD perdurent depuis sa soutenance de thèse, en 2011. A son tour, Moussa est devenu titulaire, l’an dernier, d’une allocation de recherche pour une thèse au sud (ARTS), un programme de renforcement de capacités financé par l’Institut sur une période de 36 mois. Il bénéficie également d’une bourse du gouvernement français?Ces bourses de mobilité doctorale sont attribuées par le Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) de l’Ambassade de France aux étudiants étrangers souhaitant poursuivre leurs études en France. Moussa Boubacar Moussa effectue sa thèse en cotutelle, à l’université Paul Sabatier (Toulouse) et l’université Abdou-Moumouni (Niamey)., qui lui permet d’effectuer des séjours en France. Amadou Abdourhamane Touré est son co-superviseur, en collaboration avec Manuela Grippa, chercheuse en télédétection satellitaire, Bruno Lartiges, professeur à l’université Paul-Sabatier à Toulouse, tous deux membres du laboratoire Géosciences Environnement Toulouse (GET), et Emma Rochelle-Newall, spécialiste d’écologie microbienne au sein de l’iEES – Paris. « La bourse ARTS n’est pas juste un financement. Je jouis d’un véritable accompagnement. L’an dernier, j’ai été formé aux mesures de paramètres microbiologiques de l’eau à l’iEES – Paris, mesures que j’effectue actuellement dans le cadre de ma thèse. Quand je retournerai à Toulouse, j’aurai accès au parc instrumental exceptionnel dont est doté le GET pour analyser mes données », explique Moussa.
Le jeune scientifique étudie l’impact de la variabilité hydrologique du fleuve Niger sur la dynamique des particules fines en suspension et la pollution des eaux de surface dans la zone de Niamey. Moussa consacre ses premiers mois de doctorat au recueil de données. Une collecte qu’il a dû impérativement continuer à mener malgré l’état d’urgence sanitaire. « J’étudie l’impact des crues et des précipitations sur la dynamique des matières en suspension et des bactéries indicatives de contamination fécale dans le fleuve Niger. J’effectue des prélèvements à différentes périodes de l’année, en fonction du régime hydrologique du fleuve. Avril est l’une des périodes cruciales car les eaux sont basses. Ne pas aller sur le terrain à ce moment-là, c’était prendre un an de retard », justifie le doctorant, qui a reçu une autorisation spéciale pour poursuivre sa mission de terrain. Et il observe : « Les conditions de travail ont peu changé pour moi pendant le confinement. Du fait des échantillons que je manipule, je travaillais déjà de manière isolée au laboratoire. » Un effort qui a porté ses fruits puisque Moussa Boubacar Moussa est d’ores et déjà en train de préparer sa première publication scientifique.