Yao N’Goran est enseignant-chercheur à l’Université Félix Houphoët-Boigny, en Côte d’Ivoire. En novembre 2014, le scientifique devient lauréat du programme PReSeD-CI – Projet de partenariat rénové pour la recherche au service du développement de la Côte d'Ivoire – coordonné par l’IRD. Son projet a pour objectif d’estimer et prédire le potentiel national d’énergie solaire en Côte d’Ivoire, et d’utiliser cette ressource pour la culture du cacao. Arrivé au terme de sa période de financement, le scientifique dresse un bilan de ses réalisations.
Le Docteur Yao N’Goran a fait un constat simple : « La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao, fournissant 35% de la récolte mondiale. Pourtant, le pays rencontre un problème majeur concernant la qualité de ses fèves alors même que la pénibilité du travail des cacaoculteurs est de plus en plus élevée ». Le physicien a alors l’idée de monter un projet ayant pour vocation d’allier énergie solaire et développement d’activités agricoles. « La première étape est de garantir la disponibilité des ressources en énergie solaire. La deuxième est de mettre ces ressources au service de la culture du cacao. A terme, cela devrait permettre de produire du meilleur cacao, haut de gamme, qui réponde aux exigences des chocolatiers. Cela devrait également permettre d’attirer des planteurs plus jeunes. Actuellement, leur moyenne d’âge est de 65 ans. Il y a un désintérêt des jeunes pour la cacaoculture. »
Alors qu’il cherche des financements pour son projet, le Dr. N’Goran est invité par le service de valorisation de l’Université Houphoët-Boigny à candidater au programme PReSeD-CI, le volet « Renforcement de la Recherche Scientifique » du projet AMRUGE?Le projet AMRUGE – Appui à la modernisation et à la réforme des universités et grandes écoles de Côte d’Ivoire – a été mis en place par le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique de Côte d’Ivoire (MESRSCI) dans le cadre du contrat de désendettement et de développement (C2D). . L’objectif de ce dernier est de soutenir des projets de recherche favorisant le développement économique et social de la Côte d’Ivoire, et de renforcer les capacités des équipes de recherche. L’IRD se voit confier la mise en œuvre des activités relatives à ce volet. « Je connaissais l’IRD car j’ai fait ma thèse de doctorat à Montpellier », explique le scientifique. A l’issue de la procédure de sélection, son projet « Estimation et prédiction du potentiel national d’énergie solaire et application au séchage de produits agricoles » (EPNES-ASPA) est retenu. Un fonds de 130 000 euros lui est octroyé, permettant de financer l’intégralité du projet. « L’institut a assuré la gestion des fonds. L’accompagnement m’a permis, en tant que coordinateur du projet, de jouer pleinement mon rôle. Cela a permis à l’équipe de recherche de travailler dans de très bonnes conditions. Ma collaboration avec l’IRD a été fructueuse du début à la fin du projet. »
Il y a quelques semaines, Yao N’Goran a participé à la journée de restitution du programme PReSeD-CI, qui s’est tenue à Abidjan sous la présidence du MESRSCI : « Ce travail, conduit en partenariat avec les coopératives de producteurs de cacao, a permis la mise en place d’un réseau d’observation et de surveillance solaire dans le pays, et ainsi la création de cartes numériques indiquant la disponibilité de ressource solaire en tout lieu. Un dispositif innovant de fermentation et de séchage solaire des fèves a également été conçu, testé, et breveté. Aujourd’hui, nous sommes en pourparlers avec le Conseil des régulateurs de café cacao afin de vulgariser les résultats de ce travail, et convaincre le maximum d’agriculteurs d’utiliser notre procédé. » Quant aux possibilités de futures collaborations avec l’IRD, le chercheur se prononce sans ombrage : « Je sais qu’il existe des dispositifs de collaboration proposés par l’Institut. Il faut maintenant que nous trouvions un lien commun entre ce que nous faisons et les activités de recherche de l’IRD. »