La culture des légumineuses en zone soudano-sahélienne, à l’instar de l’arachide (Arachis hypogea) et du niébé (Vigna unguiculata), constitue une alternative pour améliorer la nutrition azotée des êtres humains et des animaux. Au-delà du fait que 75 % de la consommation de base provient des légumineuses et des céréales, les légumineuses à graines sont riches en oligoéléments, en protéines et en énergie. L’intérêt économique des légumineuses réside également dans le fait que leurs coûts de production à graines sont inférieurs à ceux des céréales (Kouebou et al., 2013). Elles contribuent également de manière significative à l’amélioration de la fertilité des sols grâce à leur capacité de fixation d’azote atmosphérique et permettent ainsi d’augmenter les rendements des cultures utilisées en rotation telles que le sorgho (Sorghum bicolor), le cotonnier (Gossypium spp) et le maïs (Zea mays). Cependant, ces cultures sont sujettes à de nombreuses contraintes, notamment la recrudescence des maladies et la baisse de la fertilité des sols. La réponse à ces contraintes passe souvent par l’utilisation de pesticides et d’engrais de synthèse parfois non disponibles et souvent hors de portée des agriculteurs et produisant des externalités négatives tant sur l’environnement que sur la santé humaine (FAO, 2019). Une alternative durable consiste à optimiser la résistance naturelle de ces Légumineuses, en exploitant leur biodiversité (Singh et Ajeigbe, 2002). Ainsi, plusieurs espèces sauvages de Vigna sont hautement résistantes aux insectes et aux maladies et ces variétés sont souvent utilisées comme sources d’amélioration génétique du niébé (Ogundiwin et al., 2002). Par ailleurs, les légumineuses de par leur capacité à fixer biologiquement l’azote atmosphérique peuvent contribuer à améliorer la teneur en azote du sol sans avoir recours à des engrais de synthèse. Une variabilité de ce trait existe également parmi les variétés cultivées mais ce trait a rarement été intégré dans les stratégies de sélection variétale. Enfin, les Légumineuses cultivées en rotation ou en association avec des céréales ont aussi pour effet une baisse de la pression parasitaire sur les cultures céréalières et un besoin réduit en azote pour celle-ci. L'utilisation de variétés de Légumineuses résistantes aux maladies et fortement fixatrices d’azote dans les systèmes de culture est donc une des meilleures solutions d’accroître durablement la production à l’échelle des exploitations tout en minimisant l’utilisation d’intrants chers et nocifs pour l’environnement et la santé humaine. De telles variétés permettraient en outre de disposer d’une source de protéines à faible coût et ainsi d’améliorer l’alimentation de la population tel que proposé par la FAO (http://www.fao.org/pulses-2016). C’est dans ce contexte que s’inscrit notre projet de la JEAI AVOSAN

Problématique et objectifs scientifiques
A l’IRAD (Maroua, Cameroun), nous travaillons depuis 2015 sur l’amélioration génétique des deux principales légumineuses cultivées en zone sudano-sahelienne du Cameroun, le Niebe et l’arachide. Jusqu’à présent nous avons principalement ciblé les contraintes qui affectent la santé du niébé, en particulier les insectes (trips, pucerons mais aussi la plante parasite Striga). Nos travaux ont permis de sélectionner des variétés résistantes aux trips (insecte) au niveau des boutons floraux (Sobda et al. (2017 ; Sobda et al, 2018) ce qui permet de limiter les pertes de rendement. Concernant les pucerons, ce sont des parasites majeurs des végétaux dans le monde, avec des conséquences économiques négatives sur l'agriculture et des pertes de rendement de culture de plus de 50%. (Fournier, 2010). A partir d’une collection de 85 accessions paysannes de niébé, notre équipe a réussi à identifier des génotypes présentant des marqueurs liés à la résistance des plantes aux parasites (Iyale et al., 2018). Enfin, pour le cas de la plante parasite Striga gesnerioïdes, une évaluation agromorphologique des variétés de niébé a été effectuée et 11 variétés se sont révélées résistantes du point de vue phénotypique (Djile et al., 2015). Depuis l’arrivée de ZAIYA Z. Arlette, l’équipe développe des travaux sur l’amélioration de la fixation biologique de l’azote chez l’arachide notamment en évaluant le potentiel fixateur d’azote des accessions retrouvées dans la zone soudano-sahélienne au Cemeroun. Nous avons ensuite prévu d’utiliser des populations de croisement interspécifiques d’arachide développées par Nguepjop et al. (2016) pour identifier des QTLs contrôlant la fixation d’azote mais aussi des QTLs de résistance aux virus et à la cercosporiose. L’objectif de notre projet vise à poursuivre nos recherches sur l’amélioration du niébé, mais aussi de l’arachide en développant l’utilisation des nouvelles technologies de séquençage massif permettant le Genotypage par séquençage (=Genotyping By Sequencing, GBS)

Période de soutien : 2022-2024