Les nématodes phytoparasites (NPP), en particulier du genre Meloidogyne, sont des contraintes majeures à la production végétale des agroécosystèmes horticoles de la biosphère agricole de l’Arganier (région de Souss Massa) où les conditions environnementales et les modes de production intensifs ont favorisé leur rapide propagation. Actuellement, la lutte préconisée contre ces bioagresseurs clés des cultures maraîchères est essentiellement chimique et très peu recommandée, e.g. elle favorise l’émergence de populations résistantes et la dégradation de la santé des sols. En parallèle, le coût des fertilisants a considérablement augmenté ces deux dernières années menaçant la durabilité de la nutrition minérale des cultures. Le défi est donc double : mettre au point une stratégie de gestion intégrée de la fertilité des sols pour assurer la nutrition de la culture tout en contrôlant les NPP. Les sols agricoles de l’Arganier hébergent de nombreuses autres espèces de nématodes libres (non parasitaires) qui coexistent en très grand nombre. Ils participent activement à de nombreuses fonctions bénéfiques des agrosystèmes en interagissant avec les microorganismes bactériens et fongiques, formant le micro-réseau trophique. En recyclant les matières organiques et en favorisant un microbiome bénéfique, ce micro-réseau trophique participe aussi bien à la nutrition et la santé de la plante cultivée.
L'objectif de la JEAI “Eco-NEMAR” est d'intensifier les fonctions écologiques portées par ce micro-réseau trophique permettant une gestion durable de la santé du sol et de la plante via une approche intégrative des communautés des nématodes et microbiens du sol dans les écosystèmes horticoles (production maraichère) dans la biosphère de l'arganier. La valorisation des matières organiques améliorées nous apparait une alternative prometteuse pour piloter ces organismes et la fertilité des sols comparativement aux pratiques actuelles.
Ce projet comprend trois grandes parties. Nous proposons d’exploiter le large gradient d’intensification existant au sein de la réserve de la biosphère de l’arganier pour analyser et comprendre les mécanismes d’interaction au sein des communautés natives des nématodes et microbiennes des systèmes naturels biostatiques comparativement aux systèmes gérés (Partie I). Ces informations seront ensuite exploitées dans un volet expérimental pour tester des approches d’intensification du recyclage des matières organiques exogènes par les nématodes et de biocontrôle à base de matières fertilisantes enrichies en agents biologiques (Partie II). La tomate, actuellement la culture principale dans la région de l’étude et très menacée par les nématodes, sera la culture ciblée dans ce volet expérimental. La JEAI inclut également un volet de renforcement des capacités via une Ecole Thématique (Santé des sols et santé des plantes) et des formations par des stages de recherche dans les plateformes (Partie III).
Un consortium Franco-Marocain multidisciplinaire constitué d’experts en écologie du sol, (micro) biologie du sol, génomique et plus particulièrement en nématologie, en agronomie et agro-écologie, s’est formé pour répondre à ces objectifs et aux enjeux d’une agriculture durable.
- Institution de rattachement du/de la porteur.se de projet : Faculté des Sciences d’Agadir (FSA), Université Ibn Zohr (UIZ)
- UMR impliquée : Eco&Sols
- Disciplines : Ecologie des sols – Pédologie – Agroécologie – Physiologie végétale – Santé des plantes
- Thématiques : Fertilité des sols, Nématodes, Intensification écologique, Biosphère de l’arganier, Cultures maraichères
- Période de réalisation : 2023-2025