L’IRD Réunion-Mayotte est partie prenante de nombreux projets de recherche pour faire de la mer un espace partagé, durable et citoyen. En cette Journée Mondiale de l’Océan, coup de projecteur sur deux actions de recherche structurantes dans le domaine des pêches.

 

PARADEP - Dispositif anti-déprédation pour la pêche palangrière pélagique dans lʼOI

Les interactions entre les grands prédateurs marins et les engins de pêche sont pour la plupart négatives pour les animaux et les pêcheurs. La déprédation qui impacte la pêche palangrière pélagique réunionnaise engendre des pertes financières conséquentes pour cette filière, qui a vivement sollicité les scientifiques pour étudier le phénomène et trouver des solutions. La gestion des conflits entre les grands prédateurs marins et les acteurs exploitants les ressources marines constitue un enjeu majeur dans les domaines de la conservation de la biodiversité marine et de l'économie des pêches.
Lʼobjectif de PARADEP à la Réunion est de développer un dispositif de protection physique du poisson à lʼintention de la pêche palangrière du thon et de lʼespadon, qui est régulièrement impactée par la déprédation des mammifères marins à dents (odontocètes) puis analyser lʼacceptabilité par les pêcheurs en vue de son industrialisation.

Une victime de la déprédation.

© N. Rabearisoa

Quʼest-ce que la déprédation ?

Il sʼagit des poissons ou des appâts prélevés sur les engins de pêche par les requins, les odontocètes, les calmars ou les oiseaux. Ces interactions portent préjudice à la fois aux espèces impliquées (captures accidentelles, modification du régime alimentaire et de la stratégie de chasse), aux pêcheurs (pertes économiques liées aux dommages aux captures et à la recherche de nouvelles zones de pêche) et à la gestion des stocks des ressources exploitées (sous-estimation des déclarations des captures).
Ce dispositif innovant a trois effets de protection :

  • physique (barrière physique entre le poisson et le prédateur)
  • visuelle (dissimulation visuelle du poisson)
  • acoustique passive (modification de la signature acoustique du poisson)

A ce jour, des tests sʼeffectuent en espace réduit pour la mise au point des prototypes. Puis ces prototypes seront déployés en conditions réelles avec les pêcheurs eux-mêmes, pour valider leur efficacité et acceptabilité par la profession. Des tests avec des voiles constituées notamment de bandes flottantes et dʼeffaroucheurs ont été menés, mais abandonnés car jugées difficiles à mettre en oeuvre à cause de difficulté de déploiement des voiles, de la maniabilité réduite du dispositif et de lʼencombrement à bord. La piste privilégiée à ce jour est inspirée dʼun engin de pêche appelé un épervier. Il sʼagit dʼun filet circulaire lesté sur son pourtour et jeté au dessus dʼun banc de poissons,. Le filet lesté se referme sur le banc piégé et est remonté. Dans le cas de lʼinnovation PARADEP, le filet viendra protéger physiquement le poisson pour espérer dissuader le déprédateur de venir le prélever de la ligne. Les tests grandeur nature de ce dispositif à La Réunion avec les pêcheurs professionnels partenaires de ce projet seront menés avant la fin de lʼannée.

POP SIZE - Estimer lʼabondance des poissons pélagiques grâce à la génétique des populations de poissons

Le projet POP SIZE, en place à la Réunion et en collaboration avec le CRPMEM, a pour objectif de produire des indicateurs dʼévaluation dʼabondance des stocks de poissons, en complément des approches classiques. Face aux incertitudes liées à la collecte des statistiques de prises et dʼefforts de pêches, les organisations régionales des pêches telles que la Commission internationale de conservation des thonidés de lʼAtlantique (ICCAT) et la Commission des Thons de l'Océan Indien recommandent le développement dʼindicateurs complémentaires.
Ce projet utilise ainsi des outils et des approches alternatives moins coûteuses en temps et en argent. POP SIZE met ainsi à profit les dernières avancées moléculaires et statistiques afin :

  • de tester leur efficacité sur des espèces pélagiques ;
  • dʼévaluer lʼintérêt dʼutiliser la génomique des populations pour évaluer leurs tendances démographiques et aider à lʼévaluation des stocks des poissons.

La mise en oeuvre de ces objectifs a débuté sur deux espèces pélagiques : le thon germon et le requin peau bleue, et se poursuivra sur des données simulées.

Palangrier à la Réunion

© IRD - Thibaut Vergoz

POP SIZE a également pour objectif de renforcer le dialogue pêcheurs-scientifiques et lʼimplication des professionnels de la pêche par des échanges et des impulsions de participation.
Aujourdʼhui, les chercheurs ont pu analyser des données génétiques pour retracer lʼhistoire évolutives des deux espèces étudiées. Les données simulées, encore à lʼétude, permettront de conclure sur les points forts et faibles de lʼutilisation de la génétique pour la mise en place dʼindicateur dʼabondance.
A mi-parcours, le lien avec les pêcheurs, essentiel au projet, est passé par un questionnaire précis permettant lʼévaluation des besoins, auquel les pêcheurs Réunionnais ont largement répondu, preuve de leur investissement dans ce projet collaboratif bénéfique à la filière comme à la préservation de la biodiversité dans lʼOcéan Indien.

 

Ces projets répondent tous les deux à lʼobjectif 14 des 17 objectifs du développement durable, en permettant de conserver et dʼexploiter de manière durable les ressources marines, tout en préservant les espèces sensibles en interaction avec les activités humaines.

 

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