Du 23 au 27 octobre 2023, les représentants de plus de 50 laboratoires membres d’AFRILAB, le réseau africain de laboratoires, se sont réunis à Dakar, pour un renforcement des capacités sur les analyses physico-chimiques des sols et leur harmonisation, en vue d’améliorer la qualité des données pédologiques en Afrique subsaharienne.
Le colloque, organisé par l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et l'Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA) était placé sous l’égide de la FAO et du GLOSOLAN (le réseau mondial de laboratoire du sol). Elle a porté sur le thème "Renforcer la confiance dans la qualité des mesures effectuées par les laboratoires d'analyse des sols en Afrique subsaharienne". Elle était la première réunion post-covid après l’édition 2019 organisée à Naïrobi au Kenya.
A l'occasion de cet important rassemblement, des sessions de formation technique et scientifique se sont déroulées dans les laboratoires et sur le terrain, afin de former les membres du réseau et s'assurer de leur capacité à diffuser dans leurs pays, ainsi que dans leurs régions respectives, les compétences acquises lors du colloque.
Pour surmonter la barrière de la langue, tous les ateliers se sont tenus en français et en anglais.
Un colloque à dimension internationale ayant pour ambition de fournir des données fiables et comparables aux décideurs et aux aménageurs du continent africain
De nos jours, les mesures des scientifiques sur notre environnement déterminent les actions prises par les décideurs. C’est ainsi que les rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) fournissent un état des lieux régulier des connaissances les plus avancées sur l’évolution du climat, ses causes et ses impacts, et mettent en outre à la disposition des décideurs des informations validées et provenant du monde entier.
Les sols, comme ressources à la base du patrimoine agricole, ont non seulement pour rôle, de fournir la nourriture de la population mondiale en constante augmentation, mais doivent par ailleurs permettre de ralentir l’augmentation, elle aussi constante, de la teneur en carbone atmosphérique et cela grâce au stockage de matières organiques. Or, pour fournir des chiffres et des informations aussi fiables que celles du GIEC, les laboratoires spécialisés dans les études des sols doivent fournir un effort pour se coordonner, pour standardiser leurs mesures et pour contrôler la qualité des résultats fournis. La participation au colloque AFRILAB de 40 pays sur un total de 48, offre la possibilité aux décideurs et aux aménageurs de l’Afrique subsaharienne de disposer de données fiables et comparables qui faciliteront le suivi en temps réel de l’état des sols, la prise de mesures et de décisions pour éviter des dégradations irréversibles , afin de maintenir ou améliorer la production alimentaire.
Selon Christian Hartmann et Hanane Aroui Boukbida , chercheurs à l'IRD, les analyses des sols sont importantes car permettent d'avoir des données sur la qualité des sols et de pouvoir disposer d'indicateurs pour prédire les effets des changements globaux sur l'environnement.
Fillipo Benedetti, de l’Alliance mondiale pour les sols, à la Division de l’eau et de la terre de la FAO souligne quant à lui, « une prise de consciente croissante en Afrique sur la nécessité d’améliorer considérablement la santé des sols pour produire des aliments nutritifs et utiliser l’eau de façon durable. »
Une formation continue et un suivi régulier des membres du réseau après le colloque de Dakar
Après le colloque de Dakar, les membres du réseau continueront de travailler à distance et bénéficieront de l’expertise de profils experts pour un suivi régulier dans la mise en œuvre des compétences acquises lors du colloque et améliorer leurs performances au quotidien. Dans cette perspective, de nouveaux ateliers seront organisés afin de poursuivre la formation des personnels, augmenter la collaboration entre les laboratoires et s’approcher toujours plus des meilleurs standards internationaux.
La prochaine édition AFRILAB est prévue en Zambie en 2024. Elle s’inscrira également dans cette volonté de fournir aux décideurs des données de qualité et fiables qui permettront aux politiques de prendre les bonnes décisions pour l’avenir des sols et la sécurité alimentaire en Afrique.