Le projet MorLo (Morbidity due to Loiasis: population-wide evaluation and identification of pathogenic mechanisms), financé par le Conseil européen de la recherche (ERC), vise à évaluer l’impact de la filariose à Loa loa sur la santé humaine. Cette maladie parasitaire endémique des régions forestières d’Afrique Centrale est causée par un ver rond, nommé Loa loa. L’homme est contaminé par la piqûre d’un taôn (Chrysops), qui injecte les embryons du ver au cours d’un repas de sang. Dans le cadre de ce projet, du 15 mars au 15 mai 2023, sous la conduite de Cédric Chesnais (médecin et épidémiologiste à l’IRD), une équipe franco-camerounaise a effectué des consultations médicales et des enquêtes auprès des populations de 40 villages de la Région du Centre au Cameroun.

La loase est une maladie parasitaire très répandue dans les régions forestières d’Afrique centrale. Elle est considérée par la communauté médicale comme relativement bénigne. Cependant, ses complications sont susceptibles d’altérer significativement l’espérance de vie des populations exposées.
Séquencé sur plusieurs phases, la recherche vise à examiner de manière systématique 3 750 individus sélectionnés au Cameroun dans le cadre d’une vaste étude transversale, et en République du Congo sur 1 000 individus avec la mise en place d’une cohorte prospective. Elle s'appuie la fois sur des consultations médicales, avec des interrogatoires de santé pour déceler l'existence de pathologies, sur des échographies cardiaques, rénales, spléniques, et vasculaires, sur des examens biologiques pour détecter d'éventuels problèmes métaboliques ou hématologiques, sur des examens urinaires, et sur l’évaluation de la rigidité vasculaire. Le tout associé à un dépistage et une quantification de l’infestation aux filaires et microfilaires responsables de la loase ; accompagnés de dépistage systématique pour les helminthiases intestinales, de la schistosomiase urinaire, et du paludisme. Enfin, le statut drépanocytaire est systématiquement évalué.

Pour cette campagne au Cameroun, pas moins de 16 chercheurs, médecins, laborantins et logisticiens ont été mobilisés au quotidien pour assurer une meilleure couverture des localités concernées. L’équipe purement scientifique était constituée, entre autres, de Cédric Chesnais et Jérémy Campillo (IRD/UMR TransVIHMI), Le suivi en République du Congo inclut une équipe de plus de 40 personnes.
Soutenu sur cinq ans à hauteur de 1,5 millions d’euros, ce projet est mené concomitamment au Cameroun et au Congo-Brazzaville. Les résultats attendus sont susceptibles de mener à une reconnaissance globale de la loase comme un problème majeur de santé publique, ce qui permettra son inclusion dans la liste de l’OMS des Maladies Tropicales Négligées.