Mis à jour le 02/05/23
Les Communautés de Savoirs (CoSav) sont des enceintes de dialogues et d’échanges réunissant des collaborateurs de l’IRD et des partenaires autour de grands défis sociétaux.
Héritières des PSIP, les communautés de savoirs se positionnent à la fois en ciment interne de l’IRD et en point d’appui pour des activités fédératrices et innovantes. Ces communautés assurent un cadre de collaboration propice à l’émergence et la co-construction de projets multi-acteurs.
En poursuivant une démarche transdisciplinaire, et avec pour repère la réalisation des ODD (Objectifs de développement durable), les Communautés de Savoirs appellent à faciliter la réponse à des opportunités concrètes comme par exemple monter des projets, préparer des synthèses, investir de nouveaux outils collaboratifs, répondre à des demandes institutionnelles et d’organismes internationaux ou encore rendre plus visible et accessible la science de la durabilité et ses méthodes.
L'IRD compte neuf communautés de savoirs dont chacune est coordonnée par un des neuf conseiller.e.s scientifiques nommés par la gouvernance de l’IRD :
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Biodiversité
Conseiller scientifique : Sébastien Barot
La biodiversité désigne l’ensemble des êtres vivants ainsi que les écosystèmes dans lesquels ils vivent - des bactéries, aux plantes et aux animaux. Ce terme comprend également les interactions des espèces entre elles et avec leurs milieux.
La biodiversité s’étudie selon différentes approches :
- naturaliste (diversité génétique, diversité spécifique, évolution darwinienne, diversité fonctionnelle, diversité des interactions écologiques et des écosystèmes...),
- ontologique (représentations des espèces, de l'hérédité et des écosystèmes par les différentes sociétés et cultures),
- juridique (bien commun, patrimoine, communs)
- ou économique (services écosystémiques, ressources) ...
La biodiversité est menacée directement et indirectement par les activités humaines (changements d’usage des terres, exploitation directe des espèces et écosystèmes, pollutions…) tandis que les humains en dépendent sur les plans matériel (par exemple en fournissant notre nourriture et en contribuant à la régulation du climat) et immatériel (aspects culturels, esthétiques…).
Cette interdépendance est tout particulièrement importante dans les pays du Sud où la conservation de la biodiversité et l'amélioration des conditions de vie de leurs habitants doivent se faire de manière coordonnée en prenant en compte les changements climatiques souvent lourds de conséquences.
Apporter des solutions à ces enjeux, comme l'ambitionnent certains des Objectifs du Développement Durable, nécessite une recherche qui associe toutes les composantes de la société (les chercheurs de toutes les disciplines pertinentes, les décideurs, les bailleurs, la société civile et les populations).
L’objectif de la CoSav Biodiversité est de structurer une communauté de chercheurs pour penser et prédire les dynamiques futures via des approches inter- et transdisciplinaires liant les sciences de la nature aux sciences humaines et sociales.
Elle vise ainsi à proposer son expertise à la sphère académique et décisionnelle internationale sur les questions liées à la biodiversité (IPBES, IUCN, CBD ...)
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Changement climatique (Climat)
Conseiller scientifique : Benjamin Sultan
Les conséquences du réchauffement se font déjà sentir dans de nombreux endroits de la planète et il est probable que même contenu en dessous de 1.5°C, le réchauffement menace certaines régions, certaines espèces, certaines activités.
Dans ce contexte, des approches interdisciplinaires et intersectorielles sont nécessaires pour comprendre et anticiper les conséquences en termes d’évolution d’aléas climatiques et d’impacts, pour en analyser les nouveaux risques et vulnérabilités et pour co-construire des solutions durables pour en limiter les impacts au Sud.
L’objectif de la communauté de savoirs sur le climat est de créer des transversalités entre unités mixtes de recherche (UMR) impliquant l’IRD et ses partenaires sur les questions en lien avec le réchauffement climatique. Cette animation transversale interdisciplinaire s’articulera autour de quatre actions :
- La recherche au Sud Bas-Carbone
- La co-production de savoirs et de solutions à l’échelle des territoires
- L’élaboration d’une plateforme numérique de services climatiques
- La participation au dialogue science-politique
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Géoressources et durabilité (GéoD)
Conseillère scientifique : Laurence Maurice
Les activités extractives sont sources de perturbations sur la société et l’environnement et sont ainsi peu compatibles avec la notion de durabilité. La Communauté de Savoirs « Géoressources et Durabilité » (CoSav GéoD) explore l’antagonisme dans sa diversité et à différentes échelles de temps et d’espace, dans un contexte global de réchauffement climatique, de crise écologique et énergétique et d’inégalités sociales et territoriales.
Le périmètre de GéoD concerne les géoressources depuis leur genèse et leur contexte géologique, jusqu’à leur insertion dans des assemblages sociotechniques, des modes de gouvernance et des territoires extractifs hétérogènes. Il inclut également l’analyse des perturbations induites dans les cycles biogéochimiques des contaminants dans l’environnement, ainsi que les risques sanitaires et les vulnérabilités sociales générés par les activités extractives et industrielles associées.
Cette communauté est un espace de dialogue ouvert à toutes les disciplines scientifiques, et qui vise à favoriser l’émergence de nouveaux fronts de science et de solutions originales d’évitement, d’atténuation et/ou de réparation des dommages causés par l’exploitation des ressources géologiques.
GéoD contribue à la co-construction d’un rapport plus juste et durable aux géoressources et aux territoires qui les abritent, porté par une éthique de la responsabilité et un regard réflexif.
Les notions de justice et de responsabilité – environnementales, sanitaires, sociales, économiques – seront au cœur des débats, dans le cadre d’un dialogue inclusif science-société-politique et d’une recherche citoyenne/participative au Nord comme au Sud
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Littoral et Océan (LeO)
Conseillère scientifique : Marine Herrmann
Dans le contexte des changements globaux, les savoirs relatifs aux espaces océaniques et littoraux deviennent des priorités absolues comme en témoigne le lancement de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030).
Les écosystèmes océaniques et littoraux rendent différents services :
- d'approvisionnement en fournissant un niveau élevé de biens alimentaires essentiels.
- de régulation et de protection contre les aléas (séquestration du carbone)
- de soutien (cycles du vivant et des éléments)
- Culturels (leviers d’attractivité pour le tourisme balnéaire et forte dimension patrimoniale).
Or, la croissance économique et démographique, la littoralisation et le changement climatique génèrent des pressions croissantes sur ces écosystèmes.
Ces pressions aggravent les services rendus par ces écosystèmes océaniques et littéraux montrant ainsi l’interdépendance sociétés-littoraux-océans.
Comprendre la complexité des interactions entre ces environnements et les humains, qui en ont de multiples représentations et usages, nécessite de mobiliser un large spectre d’outils, de disciplines et d’acteurs.
Des approches collaboratives inter et transdisciplinaires sont essentielles pour l’étude de l’ensemble littoral-océan en tant que socio-écosystème et pour la construction de stratégies garantissant la durabilité de ses usages.
L’objectif de la CoSav LeO est de contribuer à faire émerger, fédérer et valoriser autour de ces enjeux une communauté soudée et visible d’acteurs IRD et partenaires, dans les pays du Sud et les territoires d’Outre-Mer.
La CoSav LeO travaille, en lien avec les autres CoSav, sur les objectifs suivants :
- Fédération (séminaires, colloques, formations, débats …)
- Identification de fronts de science et d’objets d’études communs
- Diffusion et interactions sciences-société
- Montage de projets
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Migrations
Conseillère scientifique : Annabel Degrées du Loû
En 2021, le monde comptait 281 millions de migrants internationaux, c’est-à-dire des personnes installées dans un pays différent de celui où elles sont nées. Ces migrations internationales, qui ne cessent de croître, se font principalement entre pays du Sud, les migrations intra-régionales étant les plus nombreuses. Plus que l’augmentation des flux, c’est la diversification des courants migratoires et des figures de migrants qui constituent aujourd’hui les changements les plus remarquables. Ces changements dans les régimes de mobilité s’inscrivent dans des processus aux effets potentiellement contradictoires : durcissement des politiques migratoires, modernisation des transports et processus d’individualisation dans un contexte de globalisation économique et culturelle accéléré. Avec les hommes circulent aussi des marchandises, des produits, des idées, des normes, et c’est l’ensemble de ces circulations qu’il faut appréhender.
Un défi majeur aujourd’hui est de comprendre les causes et les conséquences sur les pays d’origine comme sur les pays d’arrivée de ces mobilités et de ces migrations, qu’il s’agisse de leurs dynamiques positives (contribution démographique, économique, sociale et culturelle) ou de leurs aspects délétères (migrations forcées, discriminations, déclassement, racisme, radicalisations…).
L’objectif de la communauté des savoirs Migrations est d’étudier ces migrations dans leur complexité et dans leurs interrelations avec les questions environnementales ou avec la santé, en mobilisant ensemble les sciences humaines et sociales, les sciences environnementales et les sciences bio-médicales.
La question des migrations est éminemment politique et potentiellement polémique. Les recherches à l’IRD, par leur approche multidisciplinaire et leur ancrage dans les différents pays, souhaitent constituer une plateforme de connaissances qui permette, avec nos chercheurs partenaires, de nourrir les débats, de déconstruire les idées reçues, de renforcer les capacités d’analyse des ONG, des journalistes, des politiques, des immigrés eux-mêmes.
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Une seule santé (OneHealth)
Conseiller scientifique : Benjamin Roche
La crise du COVID-19 a montré l'impact énorme que les épidémies pouvaient avoir sur nos sociétés.
Cette pandémie a surtout montré qu'une approche intégrative était absolument nécessaire afin d'améliorer notre capacité à les prévenir et les combattre.
Enfin, cette approche est particulièrement importante dans les pays du Sud qui subissent en première ligne ces maladies émergentes.
La CoSav "One Health" souhaite structurer la recherche, la visibilité et l'opérationnalisation de l'IRD sur cette thématique au travers de grands thèmes, dont notamment :
- Prévenir de l'émergence de zoonoses, en caractérisant ces facteurs d'émergence (changements globaux et sociétaux) et en imaginant comment il est possible de les réduire,
- Effectuer une recherche interventionnelle, en étant en première ligne de ces émergences en participant à la réponse épidémiologique ainsi qu'à l'investigation dans l'origine de l'émergence.
D'autres thèmes seront abordés au cours de l'évolution de cette Communauté de Savoirs.
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Terres et Sols (Terresol)
Conseiller scientifique : Alain Brauman
Le sol et la terre sont des composantes majeures des écosystèmes terrestres.
Les changements globaux et sociétaux participent à la dégradation de ces deux ressources essentielles et fragilisent :
- leur fonctionnement,
- leur capacité de résilience,
- les services rendus aux sociétés humaines.
De façon générale, cette dégradation des terres et sols affecte 40% de la population mondiale (IPBES, 2018) et entraine des pressions sociales majeures (migrations, land grabbing, privatisation...).
L’IRD et ses partenaires possèdent une communauté riche et variée d’expertises autour du sol et de leurs usages.
Croiser les savoirs autour de cet objet, par nature transdisciplinaire, est un enjeu sociétal fort. C’est ce que propose la Communauté de Savoirs « Terres et sols » (Terresol) en contribuant à la mise en commun et à l’appropriation croisée de l’ensemble de ces connaissances.
Son travail s’articule autour des enjeux de construction et de diffusion de savoirs scientifiques interdisciplinaires sous différentes interfaces : biotiques/abiotiques, sol/plante, eau/sol, écosystèmes/sociétés, sciences/société et à différentes échelles spatiales et temporelles.
L’ensemble de cette démarche favorise l’émergence de fronts de sciences pluridisciplinaires ainsi que la promotion du dialogue Science-Société et Nord-Suds.
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Systèmes alimentaires durables (SyAD)
Conseiller scientifique : Yves Martin-Prével
« Un système alimentaire est constitué de l’ensemble des éléments (environnement, individus, processus, institutions, etc.) et des activités liées à la production, à la transformation, à la distribution, à la préparation et à la consommation des denrées alimentaires, ainsi que du résultat de ces activités, notamment sur les plans socioéconomique et environnemental » (HLPE, 2017).
Transformer les systèmes alimentaires pour les rendre plus durables et résilients est une priorité promue par de nombreuses institutions pour atteindre les Objectifs de Développement Durable. Cela passe par un engagement de tous (FSS) et des actions disruptives (MUSE, 2021).
La recherche sur les systèmes alimentaires est relativement récente. Elle impose le recours à des compétences et approches résolument interdisciplinaires. Fort de la diversité de ses expertises et de la richesse de ses partenariats, l’IRD a la capacité de co-développer des recherches orientées vers les solutions pour répondre aux enjeux de durabilité des systèmes alimentaires des Suds.
Ainsi, les grands défis de la CoSav SyAD sont de :
- Fédérer une communauté de recherche au sein de l’IRD et de ses partenaires.
- Produire des connaissances actionables sur cette thématique.
Activités en cours ou envisagées :
- Analyses de la littérature
- Animation scientifique de la communauté (séminaires…)
- Enquête sur les enjeux spécifiques des systèmes alimentaires aux Suds
- Appui au montage de consortiums et projets de recherche
- Contribution aux grands événements internationaux
- Edition de numéros spéciaux dans des revues scientifiques
- Rédaction de documents de position…
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Villes durables
Conseillère scientifique : Stéphanie Dos Santos
Les milieux urbains des Suds sont des lieux de profondes mutations qui sont amplifiées notamment par :
- la combinaison de croissances urbaines rapides,
- des transformations sociales,
- de la mondialisation et
- du changement global.
Ces mutations posent de nombreux défis de durabilité, d'égalité, de justice, de sécurité, de santé, d'inclusion, etc..
La communauté de savoirs Villes durables a pour objectif de promouvoir les recherches qui s’interrogent sur la fabrique de la ville durable par :
- l’analyse des systèmes urbains dans leur complexité et
- la prise en compte de la diversité des situations dans les Suds,
Et cela au travers de deux grandes entrées thématiques :
- Soutenabilité des conditions de vie en milieu urbain?Modes d’habiter ; qualité de l'environnement urbain et risques sanitaires ; dérégulation des politiques (habitat/foncier/ services de base); sécurité alimentaire et sécurité en eau (socio-hydro système) ; événements climatiques extrêmes/aléas et risques naturels et industriels et vulnérabilités ; accroissement de l’empreinte carbone et des pollutions ; gestion des déchets ; relations de pouvoirs et gouvernance ; crises/ruptures ; biodiversité urbaine ; végétalisation et ingénierie écologique ; services écosystémiques
- Interrelations entre systèmes urbains et systèmes ruraux et circulations?(urbain/urbain et urbain/rural) ; interfaces (extensions urbaines, agriculture urbaine) ; relations métropoles/petites et moyennes villes (société civile, innovation, etc.) ; mobilités et migrations ; circulation des ressources et métabolismes urbains
La Cosav Villes Durables a également pour objectif d'approfondir la réflexion sur les méthodes facilitant l'interdisciplinarité, notamment à partir :
- de questions sur l'observation et l'analyse des données (exemple: big data vs. ethnographie, données d’éclairage nocturnes vs. données de transformation du foncier, etc.),
- des trajectoires urbaines à différentes échelles temporelles et spatiales ;
- des dispositifs participatifs low-cost / low-tech ; etc.

© IRD/ Nathalie Billot
Chaque communauté de savoirs propose une feuille de route qui précise ses enjeux, ses thématiques prioritaires et ses activités pour 2022-2023. Les activités des CoSav peuvent se décliner en neuf grandes catégories d’actions aux mains des membres des CoSav sur un mode participatif et volontaire.
S'inscrire
Pour vous inscrire aux listes de diffusion des CoSav et contribuer à leurs activités, nous vous invitons à remplir le questionnaire ci-dessous :