Département : Département Dynamiques Internes et de Surface des Continents (DISCO)
Objectifs scientifiques
La Tunisie représente un cas emblématique illustrant les enjeux majeurs de la gestion des ressources en eau en Méditerranée. Les politiques de mobilisation des ressources en eau, mises en œuvre par l’État tunisien depuis son indépendance, ont soutenu le développement des différents usages et secteurs de l’économie. Ce processus de mobilisation et de développement a conduit à la dégradation des ressources au niveau quantitatif et qualitatif. La Tunisie est aujourd’hui confrontée à des compétitions et des tensions accrues entre les usages (agricoles, industriels, domestiques), entre les territoires (villes / campagnes, amont / aval) et entre les acteurs intervenant dans la gestion de l'eau (usagers, gestionnaires, public, privé). Mieux comprendre de telles situations de tension implique de s’interroger sur les modes de gestion en cours et sur leur histoire, sachant qu’il convient de mieux prendre en compte les spécificités des différents territoires et de leurs populations. Les modes de gestion à envisager doivent tenir compte de l’évolution des contraintes et opportunités induites par le changement global, tout en considérant les implications sociales, économiques et environnementales.
Afin de repenser les modes de gestion des ressources en eau dans les milieux ruraux tunisiens, le LMI NAILA propose de répondre aux enjeux principaux suivants :
- Comprendre les différentes formes que prennent les relations eaux / sociétés au sein des territoires, la manière dont elles évoluent et les conflits et tensions que cela suscite autant que les situations porteuses de renouvellement des pratiques et des relations entre acteurs ;
- Articuler les différentes échelles d’action possibles, depuis la parcelle jusqu’au territoire de gestion, en passant par le paysage, et comprendre les interactions entre les composantes majeures au sein du territoire de gestion ;
- Considérer les dimensions quantitative et qualitative des ressources en eau.
Les connaissances produites permettront de disposer d’éléments solides pour envisager des stratégies d’adaptation au changement global. Ces stratégies sont traitées prospectivement par les membres du LMI dans le cadre de projets en cours, et elles seront approfondies dans le second quinquennal.
Programme de recherche-formation-valorisation
L’approche interdisciplinaire définit le milieu rural comme un territoire de gestion constitué de divers objets constitutifs et fonctionnels de nature sociale, agronomique et biophysique. Ces objets sont alors étudiés selon différents prismes disciplinaires via une démarche collective en trois axes.
- L’axe 1 identifie les objets constitutifs relatifs à la gestion de l’eau, et caractérise leurs propriétés biophysiques et anthropiques pour différentes échelles emboitées de la parcelle au bassin versant.
- L’axe 2 étudie le fonctionnement du territoire qui intègre les objets, leurs fonctionnalités et leurs interactions. Cela inclut les fonctionnements anthropiques et biophysiques.
- L’axe 3 met en convergence les analyses des axes 1 et 2 pour comprendre les trajectoires passées et les situations actuelles. Il s’agit d’identifier et de hiérarchiser leurs déterminants principaux, et de formaliser des scénarios possibles d’anthropisation qui revisitent les modes de gestion.
Le LMI s'appuie sur deux milieux-modèles : le bassin versant du Lebna dans le Cap Bon et le bassin versant du Merguellil dans la région de Kairouan. Ces deux milieux-modèles sont étudiés depuis plus de deux décennies dans le cadre de la collaboration historique entre les partenaires tunisiens et l’IRD. L’articulation des activités sur ces deux sites doit permettre d'accroître :
(1) la pertinence des analyses via les études comparatives ;
(2) la généricité des développements méthodologiques dans une perspective de représentativité des territoires méditerranéens.
La formation propose de renforcer l’existant en contribuant à l’enrichissement des enseignements, à la conception d’enseignements innovants et à la mobilité entre le nord et sud de la Méditerranée.
La valorisation propose d’accroître les liens entre les mondes académique et professionnel, en mutualisant les savoirs et en coproduisant les connaissances.
Impacts sociétaux visés
Le LMI doit contribuer à une plus grande interaction entre recherche et société civile en considérant plusieurs publics cibles et plusieurs moyens d’action. Les séminaires avec le monde professionnel agricole et les décideurs politiques permettront de préciser les raisons d'insuccès des politiques passées, les attentes pour l'avenir, et les besoins en matière d'expertise et de transfert. Les actions à destination des directions techniques ministérielles porteront sur des aspects technologiques (systèmes de mesure) et de formation continue pour les cadres des services centraux et délégations régionales. Les liens avec le monde industriel s'appuieront sur le transfert d'outils méthodologiques en traitement d’images satellitaires, impliquant le co-encadrement d'étudiants de niveau master. La diffusion plus large vers la société civile se fera au travers d'interventions multi-formats lors de grands événements. Il s’agit aussi de diffuser ces connaissances vers les groupes de réflexion internationaux (ex. : UNEP / IAASTD).
Principaux partenaires
- INRGREF - Institut National de Recherches en Génie Rural, Eaux et Forêts (Tunis, Tunisie)
- INAT - Institut National Agronomique de Tunisie (Tunis, Tunisie)
- IRD :
- UMR 144 ‐ LISAH ‐ Laboratoire d’étude des interactions sol–agrosystèmes‐hydrosystèmes
- UMR 183 ‐ G‐EAU - Gestion de l’eau, acteurs et usages
- UMR 113 ‐ CESBIO ‐ Centre d’études spatiales de la biosphère
Porteurs du LMI
- Mekki Insaf , Institut National de Recherches en Génie Rural, Eaux et Forêts, Tunis
- Frédéric Jacob - IRD, UMR LISAH
Mots-clés
Eau, gestion, territoires, évolutions, interactions, paysage, irrigué, pluvial, quantité, qualité
Champs disciplinaires
Agronomie des systèmes de culture, agronomie végétale, agroéconomie, socio-anthropologie, hydrologie, pédologie, télédétection, géophysique
Objectif(s) du développement durable ciblé(s)
- ODD 6 – eau propre et assainissement
- ODD 12 – consommation et production responsables
- ODD 13 – mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques
- ODD 15 – vie terrestrre
Site web: www.lmi-naila.com