Dans le cadre du projet JEAI MORPHOCAM (Morphogénèse et dénudation pré-Quaternaire des hauts plateaux du Cameroun), coordonné par Dr Anicet Beauvais (Correspondant IRD, CEREGE, Aix-en-Provence) en collaboration avec Dr Momo Nouazi Mathieu (Responsable Sud ; IRGM, Yaoundé) et 10 autres Chercheurs et Doctorants Camerounais, une mission de terrain s’est déroulée du 23 au 29 octobre 2023 dans les localités de Minim et Martap. Cette campagne faisait suite aux trois précédentes, effectuées sur le plateau de l’Adamaoua de 2021 à 2023.
L’objectif de ces missions était de faire une typologie des surfaces et des formations latéritiques, de déterminer leur distribution spatiale au cours du Tertiaire, et leur enracinement lithologique. Ces données multi-échelles sont des préalables pour évaluer l’intérêt économique des latérites, et caractériser l’influence combinée de l’épirogénèse liée à la mise en place et l’activité de l’arc volcanique camerounais et du climat et leurs interactions au cours du Tertiaire sur les processus d’altération et de dénudation, et sur la dispersion/concentration des éléments métalliques (ex : Al, Fe, Ti, Mn, Ni, Co…).
L’analyse des données géomorphologiques et pétrologiques sur plus de 200 stations de terrain (campagnes 2021 et 2022) distribuées sur l’ensemble du plateau de l’Adamaoua (localités de Kaladji, Mambaka, Nyambaka, Mayo-Bali, Mangari, Makane, Ngaoundal, Likok, Tékel, Danfili, Djangol, Banyo, Tibati, Dir, Birsok,...) a permis de mettre en évidence une séquence de trois surfaces géomorphologiques étagées de ~1200 m à ~1000 m sur le socle granitique Panafricain. Les conditions d’altération, d’étagement, ainsi que les modèles de dispersion/concentration métalliques dans les profils d’altération de ces surfaces sont discutées dans deux articles, et les thèses de deux Doctorants.
La campagne de terrain d’octobre 2023 a fixé les bases de l’analyse de la dénudation des paysages de l’Adamaoua. La séquence de trois surfaces est coiffée d’une surface bauxitique atteignant 1350 m d’altitude. Cette bauxite formée (au moins en partie) sur granite anciens dès l’Éocène implique une différenciation géomorphologique au cours de la période majeure de la bauxitisation « Africaine » (« African surface »). Ces résultats permettent d’envisager une reconstruction des paléo-topographies successives, les vitesses et les contraintes d’incision/dénudation sur un différentiel altitudinal de l’ordre de 400 mètres au cours du Cénozoïque.
La JEAI MORPHOCAM a permis de caractériser la séquence géomorphologique de latérisation sur le plateau de l’Adamaoua, de mettre en évidence deux nouveaux indices de bauxites à Nyambaka et à Mbarnang, y compris la toute première évidence de bauxitisation sur roches sédimentaires au Cameroun.
L’analyse des échantillons de latérites et de roches saines prélevés s’effectue au laboratoire partenaire CEREGE (UMR IRD), ainsi que chez ALS Laboratory Group (Séville, Espagne).
Plus de détails :
JEAI MORPHOCAM