Å travers la Luce Initiative for Southeast Asia (LuceSEA), la Fondation Henry Luce vient d'attribuer une bourse de recherche de 4 ans à une équipe de l'Université de Hawai’i et de l'IRD qui étudie le nuage de pollution transfrontalier et les impacts socio-écologiques du projet chinois Belt and Road Initiative (BRI) dans la sous-région du Grand Mékong. Cette bourse vient compléter le budget déjà mis à disposition par la National Science Foundation (NSF) pour soutenir le travail de l'équipe sur la pollution de l'air en Thaïlande du Nord.

Image satellite du nuage de pollution "Haze" présent au dessus de la Thaïlande et du Myanmar
© NASA Earth Observatory
Les problèmes environnementaux transfrontaliers en Asie du Sud-Est représentent un enjeu de recherche majeur dans la région.
Depuis que Xi Jinping a révélé en 2013 son intention de recréer les anciennes routes de la soie à travers l'initiative "Belt and Road" (plus connue sous l'acronyme anglophone BRI), son projet de relier la Chine à la sous-région du Grand Mékong via un réseau complexe d'infrastuctures a déjà commencé à impacter les pays de la zone. Outre la pollution générée par les travaux de construction, ces nouvelles infrastructures induisent souvent une transition vers des pratiques agricoles plus intensives telles que le recours au feu pour préparer la terre et se débarasser des déchets agricoles. Ce que les résidents surnomment la crise annuelle du "nuage de pollution" est ainsi exacerbé par la transtion rapide vers une agriculture de marché.
Si l'articulation précise des causes de ce phénomène de pollution reste incertaine, la plupart des explications avancées rejettent la faute sur les petits exploitants agricoles. De ce fait, ce projet de recherche fraîchement récompensé misera sur un mélange de méthodes éthnographiques, quantitatives et géospatiales pour apporter des réponses aux problématiques liées à la BRI et au nuage de pollution saisonnier et pour mieux comprendre les facteurs sociaux et écologiques à l'origine de ces changements environnementaux anthropiques.
Avec cette bourse, l'IRD et l'Université de Hawaï à Mānoa cherchent à établir espace de recherche paritaire entre les chercheurs en début de carrière et et les acteurs de la société civile, à travers des projets de recherche qui associent sciences sociales et environnementales pour analyser les transitions agraires et urbaines qui se déroulent dans la région.
La bourse de la Fondation Henry Luce va permettre de soutenir un programme de quatre ans offrant une formation aux méthodes de recherche mixtes, par le biais de stages sur le terrain et d'ateliers d'écriture, destinée aux membres de l'équipe projet basés en Asie du Sud-Est. Elle facilitera également l'édition d'un livre (publié en anglais, thaï et birman) sur la conception de projet de recherche fondés sur les méthodes mixtes pour étudier les impacts socio-écologiques de la BRI chinoise sur les transitions agraires et les problèmes environnementaux transfrontaliers connexes. Enfin, elle permettra la création de nouveaux programmes d'études et de ressources en ligne qui seront largement accessibles depuis l'Asie du Sud-Est.
Résultats attendus
- Le développement d'une communauté d'universitaires basés en Asie du Sud-Est et aux États-Unis, formés aux méthodes géographiques (analyse d'images satellites, méthodes de recherche ethnographique sur le terrain)
- De nouvelles collaborations entre les universités, la société civile et les gouvernements de la sous-région du Grand Mékong.
- La collecte et la mise en perspective des données relatives à l'impact socio-écologique de la BRI sur les transitions agraires et la pollution de l'air en provenance de deux pays de la sous-région du Grand Mékong.
- Plusieurs publications sur les problèmes environnementaux transfrontaliers dans la région pour soutenir la formation et l'éducation.
Membres de l'équipe
- Mary Mostafanezhad, (co-PI), UHM Department of Geography and Environment
- Michael Kantar, UHM Department of Tropical Plant and Soil Sciences
- Olivier Evrard, (co-PI), IRD
Partenaires
Regional Center for Social Science and Sustainable Development, Université de Chiang Mai