Dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne, l’IRD et le CNRS organisaient le 29 juin, un événement (hybride) à Bruxelles sur le thème "Imaginer un nouveau partenariat scientifique entre l'Afrique et l'Europe".

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Cette journée,  qui s’est tenue au Palais des Académies de l’Académie royale des sciences des lettres et des beaux-Arts de Belgique à Bruxelles, réunissait des représentants de haut niveau issus des écosystèmes de l’enseignement supérieur et de la recherche africains et européens tels que les universités, centres de recherche, associations pour la recherche et institutions publiques. Elle avait pour objectif de réunir partenaires africains et européens autour de la réflexion sur la relation entre les deux continents en matière de partenariat dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Les échanges cherchaient également à faire émerger des bonnes pratiques et modalités de coopération, équitables et durables entre les deux continents. Des pistes de réflexions pour répondre aux défis et enjeux contemporains fixés dans les objectifs stratégiques de l’Union africaine et de l’Union européenne ont été présentées.

Cet événement s’inscrit dans la continuité de la stratégie énoncée dans le plan pluriannuel de coopération du CNRS avec l’Afrique et de la mise en œuvre du Contrat d’objectifs, de moyens et de performance de l’IRD.

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Au programme

En ouverture de cette conférence, la PDG de l’IRD a rappelé la centralité des questions de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche au cours de ce semestre de #PFUE2022, que ce soit dans le cadre de la coopération intra-européenne et aussi relative à la coopération avec l’Afrique. Valérie Verdier avait en effet déjà rapporté les conclusions de l’atelier du 8 mars dernier à Marseille "Pour une approche globale de la recherche, de l'innovation et de l'enseignement supérieur".

Au cours de ce discours d’introduction, la démarche éthique et équitable poursuivie à l’IRD a été particulièrement mise en lumière. Elle ne doit cesser de nourrir en effet la création de nouveaux modèles, de nouvelles formes de partenariats de façon toujours plus inclusive en tentant de réduire les asymétries, pour une réciprocité pleine et entière. Cette réciprocité est particulièrement importante dans le contexte incertain que l’humanité traverse, où les crises succèdent aux menaces et inversement, la capacité à atténuer les ruptures (politiques, économiques…) passe par ces réseaux constitués et se doit d’éviter les projections et les modèles que l’on cherche à surimposer.

Les voix qui se sont exprimées au cours de la journée et les échanges qu’elles ont nourris, ont permis de dresser un panorama des outils et modes de coopérations existants et de proposer  les évolutions et transformations nécessaires pour renforcer et renouveler ce partenariat scientifique entre l’Afrique et l’Europe. Les discussions ont réaffirmé l’existence d’enceintes de dialogue entre les acteurs des deux continents qui promeuvent la recherche et l’innovation comme élément clé du développement durable de toutes les sociétés, du Sud comme du Nord.

Dans un contexte de crises (environnementales, climatiques, politiques, sécuritaires…), l’interdépendance de nos avenirs a été une nouvelle fois soulignée. Cette interdépendance est génératrice d’opportunités qui doivent être saisies conjointement par les acteurs des deux continents. Ces opportunités, comme l’a souligné Valérie Verdier dans ses propos introductifs, doivent respecter les modalités d’un partenariat éthique, équitable, engagé dans un parfait équilibre.  Un partenariat qui passe par l’appui à la recherche, mais aussi par la formation des jeunes européens et africains en Afrique, grâce aux mobilités (Sud-Sud, Nord-Sud et Sud-Nord) mais aussi à travers des campus européo-africains.

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Une table-ronde sur cette question de " La mobilité, enjeu fondamental de l’excellence scientifique " a  rappelé que les mobilités répondent aussi à un défi démographique auquel l’humanité fait face. Béatrice Khaiat, DGA de Campus France, a souligné que la France est le premier pays d'accueil d'étudiants africains. Ce sont toutes les mobilités qui doivent être encouragées Sud-Nord, Nord-Sud et Sud-Sud. Elles sont garantes de la richesse des regards et participent à la solidité des partenariats et à la construction de projets et dispositifs communs.

Francine Ntoumi, Présidente du Conseil Scientifique de l’IRD, Professeure à l’Université de Tübingen (Allemagne) et Présidente de la Fondation Congolaise pour la Recherche Médicale en République du Congo, a corroboré lors de son intervention les propos de la PDG de l’IRD sur les modalités de coopération de l’IRD au Sud (et en Afrique en particulier). Celles-ci consolident en effet un continuum partant du soutien individuel à la structuration de jeunes équipes de recherche, et à la co-construction de laboratoires mixtes internationaux portant des projets de recherche au long cours et pleinement partagés.

De manière générale, les thématiques discutées au cours des 4 tables rondes et les trois présentations concouraient à poursuivre la réduction des asymétries de savoirs et à rechercher un meilleur équilibre dans les relations partenariales entre l’Afrique et l’Europe.

Notamment, la parité et l’égalité de genre doivent interroger d’abord les disparités qui sont souvent issues de tendances culturelles et idéologiques, comme l’ont indiqué Adolé Isabelle Glitho-Akueson, Présidente du comité de l’UNESCO Femmes, sciences et gestion durable de l’eau en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale et membre de l’Académie africaine des sciences, et Aïda Hamdi, Déléguée générale de la Chaire UNESCO Femmes et Science à Paris-Dauphine.

Mame Penda Ba, enseignante-chercheuse à l’Université Gaston Berger au Sénégal et rédactrice en chef de la nouvelle revue scientifique Global Africa, a porté un regard critique sur les politiques d’aides au développement, sur les politiques d’enseignement supérieur et de la recherche sur le continent africain, sur ces asymétries dans l’évaluation des chercheurs et de façon corollaire sur la publication et l’édition scientifiques en Afrique. Ceci lui permettant d’exposer la démarche relative à la création de Global Africa et la dynamique qu’elle suscite régionalement, à l’échelle du continent et au-delà à travers notamment les diasporas africaines.

En conclusion, Valérie Verdier, PDG de l’IRD, et Antoine Petit, PDG du CNRS, sont revenus ensemble sur les grandes thématiques de la journée en soulignant leur engagement et le soutien de leur instituts respectifs pour un partenariat scientifique renforcé entre l’Europe et l’Afrique.

Pour en savoir plus

Lien vers la plaquette "Partenariat de l'IRD en Afrique"