Marc Léopold est ingénieur de recherche en économie des pêches ; ses travaux portent sur la gestion et la gouvernance des petites pêches côtières, avec des collaborations interdisciplinaires alliant sciences de la nature (biologie, écologie, génétique) et de la société (socio-économie, géographie, anthropologie, droit de l'environnement).
Marc Léopold est également l’auteur d’un livre et co-auteur de publications dans des revues internationales et des chapitres d’ouvrage.

© Marc Léopold
Pourriez-vous nous raconter votre parcours avant d’être chercheur?
J’ai suivi la formation d’ingénieur halieute en 1999 à l’Ecole nationale agronomique de Rennes (devenue Agrocampus Ouest), après une année de césure pour un voyage itinérant en Australie. Auparavant, j’avais intégré l’INA P-G à Paris (aujourd’hui appelé AgroParisTech) après deux années de classes préparatoires à Nantes. Un parcours assez classique donc, même si je n’ai choisi de passer ma thèse de doctorat que bien plus tard, en 2018.
Mon expérience de la recherche sur les petites pêcheries au Sud a été amorcée en fin de 2ème cycle universitaire, lors de mon stage de fin d’études au centre IRD de Nouvelle-Calédonie, de février à septembre 2000. Il s’agissait de définir une nouvelle méthode d’évaluation des captures à partir d’enquêtes auprès des pêcheurs sur leur consommation de poissons : le sujet était technique, mais ce fut une expérience très riche autant sur le plan scientifique qu’humain, avec la découverte de la culture kanak et des écosystèmes coralliens !
D’octobre 2000 à mai 2003, j’ai été accueilli à la Délégation Ifremer de Guyane dans le cadre d’un Volontariat. Un contexte là encore inconnu pour moi, car la région est exceptionnelle du point de vue culturel, environnemental, et bien sûr halieutique. J’ai fait différents travaux sur la pêcherie industrielle de crevettes, et en parallèle, mon intérêt s’est plutôt tourné vers les petites pêches côtières. J’ai eu la chance de pouvoir réaliser un Guide des poissons de mer de Guyane, qui m’avait semblé vraiment utile car je ne reconnaissais pas la majorité des espèces de poissons pêchées, tant la faune marine du plateau des Guyanes est originale…
J’ai intégré l’IRD l’année suivante, en 2004.
Comment a débuté la collaboration avec l'IRD à Madagascar?
J’étais en fin d’affectation au Vanuatu quand j’ai été invité à participer à une école d’été sur les écosystèmes coralliens à l’IH.SM, fin 2014. J’ai découvert un cadre de travail à la fois accueillant et prometteur, avec des promotions d’étudiant-e-s dynamiques et une gouvernance solide de l’établissement. En même temps il y a avait un besoin très net de renforcer la recherche en halieutique et la formation académique dans cette thématique, et une volonté commune de collaborer pour y répondre. Et le lagon de Toliara est aussi très beau, avec toutes ces pirogues à voile Vezo !
Après un séjour en France qui m’a permis de mieux préciser mon intervention, et de mobiliser les outils de partenariat de l’IRD (les JEAI), j’ai commencé mon accueil à l’IH.SM en septembre 2016. Il a alors fallu rénover en profondeur puis équiper un espace de bureaux fonctionnel, qui permet aujourd’hui à une petite équipe de jeunes chercheurs en herbe (étudiants ou en contrat) de travailler dans de bonnes conditions. J’ai commencé par m’intéresser essentiellement à la région de Toliara.
L’envie de devenir chercheur : est-ce quelque chose qui vous est venu très jeune ?
Pas du tout ! Personne de mon entourage n’exerçait ce métier. J’étais bien sûr passionné par la mer et la pêche côtière depuis mes premières années, que j’ai passées en Algérie, et je voulais travailler dans ce domaine, près des gens et du terrain. Mes parents, s’étant renseignés, avaient été informés qu’il fallait que je suive le cursus post-bac que j’ai effectivement suivi (ci-dessus), alors que je n’avais pas même envisagé au départ d’entrer en classes préparatoires. La formation d’ingénieur m’a vraiment convaincu dans cette voie, mais les relations entre chercheurs que j’ai découvertes pendant les trois premières années après mon diplôme étaient vraiment déplorables ! Je me souviens m’être dit que je ne ferai jamais ce métier… Pourtant, lors d’une rencontre un peu fortuite en 2003 avec Jocelyne Ferraris, chercheuse à l’IRD, celle-ci m’a fortement encouragé à candidater au concours d’ingénieur de recherche de l’IRD, qui était ouvert pour quelques jours encore : on recrutait justement un jeune chercheur avec mon profil ! Contre toute attente quelques mois plus tôt, j’ai suivi depuis une carrière scientifique qui me passionne !
Pour finir, auriez-vous un souvenir marquant à nous raconter ?
Mes meilleurs moments sont certainement quand on réalise des missions de terrain avec nos partenaires : comme on intervient en construisant des relations de confiance, dans un contexte systématiquement multiculturel, on sourit des différences de perceptions, de valeurs, d’expériences aussi, lors de nos échanges avec les pêcheurs et les autres acteurs du secteur des petites pêches. Maintenant que j’ai quelques années derrière moi, je peux dire que partager ces échanges est vraiment épanouissant au niveau personnel et professionnel. C’est une source d’engagement, et une richesse de l’IRD que d’offrir cette opportunité de travail.
Contact : marc.leopold@ird.fr
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Les publications
UMR 9220 ENTROPIE - Ecologie marine tropicale dans les océans Pacifique et Indien