Dans le cadre du programme national d’actions de protection et de gestion durable des herbiers ultramarins de l’Ifrecor (Initiative Française pour les Récifs Coralliens), le premier atelier d’échange sur le suivi et l’évaluation de l’état des herbiers en Nouvelle-Calédonie et à Wallis et Futuna, s’est tenu le 25 avril 2022 à Nouméa, dans les locaux de la Province Sud en présentiel et distanciel.
Contexte
La protection des récifs coralliens et des écosystèmes associés (mangroves, herbiers) a été l’une des priorités de l’Agenda 21 évoquée lors de la conférence de Rio en 1992. C’est ce qui a conduit la France en 1999, à lancer une action nationale en faveur des récifs coralliens des collectivités de l’Outre-Mer : l’Initiative Française pour les Récifs Coralliens (IFRECOR). Pour conduire cette initiative, la France s’est dotée d’un comité national, appuyé par un réseau de comités locaux représentant les collectivités françaises qui abritent des récifs coralliens.
La Nouvelle-Calédonie, collectivité aux compétences propres, s’est engagée volontairement dans l'initiative. Ainsi, le comité IFRECOR-NC, coordonné par le Conservatoire d’espace naturel de Nouvelle-Calédonie (CEN), rassemble services de l’Etat, collectivités, établissements publics, scientifiques et associations, afin d’accompagner les politiques de protection et de gestion des récifs coralliens menées par les provinces et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.
Herbier marin (Cymodocea, Halodule et Syringodium) et Tricot rayé (Laticauda Colubrina), îlot Mba, Nouvelle-Calédonie
© IRD - Magali Boussion
En 2011, l’IFRECOR a initié un programme national d’actions de protection et de gestion durable des herbiers ultramarins. Ce programme ambitionne notamment de développer un jeu d’indicateurs et de protocoles harmonisés pour le suivi et l’évaluation de l’état des herbiers d’outre-mer et de consolider le réseau de stations d’observation. C’est donc dans ce contexte, que le comité IFRECOR de Nouvelle-Calédonie a inscrit cette thématique dans sa réflexion, en y associant Wallis-et-Futuna.
Les herbiers sont des prairies sous-marines composées de plantes à fleurs aquatiques. Ils constituent l’habitat pour de nombreuses espèces qui y accomplissent toute ou partie de leur vie et ils sont essentiels pour le dugong et la tortue verte notamment, espèces vulnérables et en danger. Les herbiers contribuent également au bien-être des communautés en assurant la sécurité alimentaire grâce aux nombreuses espèces d’intérêt halieutique qu’ils abritent, en purifiant par filtration les eaux côtières et en protégeant le littoral de l’érosion en dissipant l’énergie des vagues. Enfin, ils jouent un rôle dans l’atténuation du changement climatique en fixant efficacement le carbone atmosphérique.
Cet atelier à destination des services de l’Etat, collectivités, établissements publics, scientifiques et associations du territoire, est co-organisé par l’IRD (Institut de recherche pour le développement) et l’UBO (Université de Bretagne Occidentale).
Participants : représentants des services provinciaux en charge de l’environnement, CEN, DAFE (Direction du service de l'Etat de l'Agriculture, de la Forêt et de l'Environnement de Nouvelle-Calédonie), représentants d'associations de l'environnement et de bureaux d'études, scientifiques des organismes de recherche.
L'atelier s'est déroulé en deux sessions.

Atelier herbiers régional Pacifique – Partie état des connaissances dans l’auditorium de la Province Sud
© IRD
Une matinée dédiée aux connaissances et besoins
Entre 30 et 40 participants étaient présents à la session du matin dédiée à l’état des connaissances, et à l’expression des besoins des collectivités, permettant de mettre à l’honneur cet écosystème menacé souvent peu considéré. Pour autant, les différents exposés ont montré toute la diversité des actions menées localement tant en recherche qu’en suivi, dans le cadre notamment d’étude d’impacts sur l’environnement.

Atelier herbiers régional Pacifique – Partie technique sur les suivis des herbiers
© IRD
Un après-midi axé sur des questions techniques
Les échanges se sont poursuivis l’après-midi en cercle restreint d’une vingtaine de participants sur des questions techniques d’outils de surveillance des herbiers, de bancarisation et de valorisation des données. Les discussions entre les collectivités et autres parties prenantes ont été nourries et animées, témoignant de l'intérêt porté au sujet.
Un bilan encourageant
Cet atelier a permis de conclure sur la faisabilité de mise en oeuvre de protocoles et méthodes simples pour initier un suivi de l’état de santé herbiers marins de Nouvelle-Calédonie dans un avenir proche. La prochaine étape pour le territoire sera l’initiation d’un groupe de travail technique sur ces questions afin de tendre vers la mise en oeuvre et la pérennisation de ces suivis à l’échelle des trois provinces en concertation avec les différents comités techniques (ZCO, plans d'actions tortue et dugong, etc.).
L’intérêt de poursuivre ces réflexions concernant la protection et la gestion durable des herbiers marins dans un cadre global avec Wallis et Futuna a été souligné.

Herbier marin (îlot Mba, Nouvelle-Calédonie)
© IRD - Magali Boussion
Contacts
Coordination de l’IFRECOR N-C : Conservatoire d’espaces naturels (CEN)
- Morgane VIVIANT, coordinatrice du pôle patrimoine marin / coordinatrice IFRECOR
- Anaïs MORLON, assistante pôle patrimoine marin / pilote du projet Herbiers
Organisation de l’atelier et contact scientifique : Institut de recherche pour le développement (IRD)
- Claude Payri, responsable de l’Unité Mixte de Recherche ENTROPIE