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L’IRD a activement participé à la conférence intitulée « Recherche et innovation en Afrique : un moteur pour le développement et les partenariats », organisée à Bruxelles le 13 septembre à la Représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne.

 

Lors du sommet Union européenne (UE) – Union africaine (UA) de février 2022, les chefs d’Etat et de gouvernement européens et africains ont confirmé la priorité essentielle que constituent la recherche et l'innovation (R&I) pour soutenir un partenariat renouvelé. Ils se sont notamment engagés à renforcer le soutien à la coopération scientifique et au partage des technologies et de l'expertise et avaient ainsi adopté une feuille de route consacrée à la R&I pour favoriser les partenariats scientifiques entre l'UE et l'Afrique. Dans la continuité de ce sommet, la conférence du 13 septembre 2023 avait pour ambition de mettre en lumière le rôle de la R&I comme levier de développement et comme moyen de construire des partenariats équitables et durables avec les pays africains.

Les discussions ont mis en évidence :

  • les spécificités et les besoins des acteurs de la R&I africains et européens ;
  • ce qui leur est actuellement offert à travers plusieurs initiatives et programmes financés par la Commission européenne et les États membres de l'UE ;
  • et des recommandations clés sur ce qui doit être amélioré ou modifié afin de réaliser la transformation sociétale appelée dans le cadre de l'Agenda 2063 de l'UA.

Le rôle des partenariats de recherche et d'innovation pour le développement

Cyril Piquemal, Deputy Permanent Representative to the EU

© IRD - Stéphanie Juban

Dans son discours introductif, Cyril Piquemal, Représentant permanent adjoint de la France auprès de l'UE, a souligné que « la recherche scientifique est clé dans les processus de développement ». La coopération en matière de R&I est aussi indispensable pour relever efficacement les défis mondiaux, qu'il s'agisse de la reprise économique, du changement climatique, de la croissance démographique rapide, des inégalités ou des maladies infectieuses, comme l’a rappelé Hans Stausboll, directeur des relations avec l’Afrique au sein de la direction générale des partenariats internationaux (DG INTPA) de la Commission européenne. « Des partenariats scientifiques solides peuvent servir de catalyseurs pour relever ces défis avec succès », a-t-il ajouté.

Pour cela, « nous devons adopter une approche qui réponde aux besoins des pays concernés », a affirmé Patrick Nédellec, Délégué aux Affaires Européennes et Internationales du Ministère français de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. « Cela va de pair avec le changement de paradigme qui est en cours et qui consiste à passer d’une approche de développement à une approche de partenariat réellement équilibré », a-t-il précisé.

Des engagements européens en faveur de partenariats scientifiques pour le développement

La Commission européenne a lancé fin 2021 la stratégie « Global Gateway » visant à développer des partenariats et soutenir des projets pérennes et durables dans les pays partenaires du voisinage européen, d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes ainsi que d’Asie. Entre 2021 et 2027, l’UE, en Équipe Europe, prévoit de mobiliser jusqu’à 300 milliards d’euros d’investissements en faveur de projets d’infrastructures et de développement dans les domaines du numérique, du climat et de l’énergie, des transports, de la santé, ainsi que dans l’éducation et la recherche.

Round Table 2: The European R&I policy framework to support the partnerships for development

© IRD - Stéphanie Juban

« Nous ne pourrons pas résoudre le problème du changement climatique, ni assurer la protection de l’environnement si nous ne disposons pas d’une coopération solide en matière de recherche et d’innovation. C’est précisément la raison pour laquelle la recherche et l’innovation constituent un pilier essentiel de la stratégie ‘’Global Gateway’’ », a déclaré Carla Montesi, directrice en charge du Pacte vert et de l’agenda numérique à la DG INTPA.

La mise en œuvre de cette stratégie repose sur des partenariats régionaux, notamment avec l’Afrique à travers le paquet d’investissement « Global Gateway » Afrique-Europe, qui a été annoncé en 2022 lors du sommet UE-UA et vise à mobiliser d'ici 2027 au moins 150 milliards d'euros d'investissements, représentant environ 50% du montant que Global Gateway vise à mobiliser.

Le sommet UE-UA de février 2022 a aussi permis de lancer le développement de l’agenda d’innovation UA-UE, adopté finalement en juillet 2023 et visant à transformer et à accroître les capacités d’innovation et les réalisations des chercheurs et innovateurs européens et africains en résultats tangibles. Soutenu par la stratégie « Global Gateway », il devrait constituer le pilier de la coopération en matière de science, de technologie et d’innovation entre l’Afrique et l’Europe pour la prochaine décennie.

Nienke Buisman, cheffe d’unité sur la coopération internationale au sein de la direction générale pour la recherche et l’innovation (DG RTD), a par ailleurs mis en avant « l'approche mondiale de la R&I », la stratégie européenne de coopération internationale en matière de R&I. « L’approche mondiale n’est pas seulement une stratégie, mais elle définit aussi un certain nombre d’actions et la coopération avec l’Afrique est considérée comme une priorité », a-t-elle expliqué en prenant l’exemple du lancement de l’initiative Afrique dans le cadre du programme Horizon Europe afin de stimuler la coopération entre les chercheurs européens et africains.

ARISE : le succès d’un programme à poursuivre et développer

Round Table 3 facilitated by Olivier Dangles: Tools and resources available

© IRD - Stéphanie Juban

Plusieurs instruments et programmes de R&I ont été abordés, notamment dans la troisième table ronde animée par Olivier Dangles, directeur délégué à la science adjoint en charge de la science de la durabilité à l’IRD. Les intervenants ont particulièrement souligné le succès du programme pilote African Research Initiative for Scientific Excellence (ARISE) pour la promotion de l’excellence scientifique en Afrique, auquel l'IRD a contribué de manière significative lors de sa phase de conception.

Piloté par l’Académie africaine des sciences (AAS) et financé par l'UE, ARISE est un excellent instrument pour créer des opportunités professionnelles pour les chercheurs africains, tout en s'attaquant au problème de la fuite des cerveaux africains. L’IRD défend ainsi, aux côtés de ses partenaires africains et d’institutions et réseaux européens comme The Guild, non seulement la poursuite de ce programme au-delà de la phase pilote, mais aussi l’extension aux chercheurs en milieu de carrière et aux chercheurs confirmés.

Vers une alliance européenne de la recherche pour le développement durable aux Suds

Gilles Pecassou, Deputy Director General of the IRD

© IRD - Stéphanie Juban

Le renforcement de la collaboration et de la coordination au niveau européen, dans la lignée de l'approche Équipe Europe qui sous-tend la stratégie « Global Gateway », est nécessaire pour avoir plus d'impact sur la transformation sociétale en cours. En s'appuyant sur la Déclaration de Marseille relative à la coopération internationale en matière de R&I et sur l’Agenda 2030 de développement durable, l’IRD mène ainsi des discussions, avec des institutions et réseaux de recherche européens travaillant sur les Objectifs de développement durable (ODD) avec des partenaires aux Suds, sur un projet de création d’alliance européenne de la recherche pour le développement durable aux Suds. Une telle alliance paraît en effet « essentielle pour mieux relier les résultats de la recherche d'Horizon Europe aux politiques et programmes de développement soutenus par l'instrument NDICI – Global Europe, et ainsi mettre la science au cœur de l'agenda du développement », a défendu Gilles Pecassou, directeur général délégué de l’IRD, en clôture de l’évènement.

Gilles Pecassou a également souligné l’importance d’adopter des valeurs partagées qui devraient façonner non seulement les activités de cette alliance, mais aussi ses contributions à l'avenir de l'Espace européen de la recherche (EER) et ses liens avec les pays tiers, en particulier ses partenaires du Sud. « Outre le principe de développement de partenariats scientifiques équitables, les valeurs qui sous-tendent la Déclaration de Marseille, telles que l'éthique et l'intégrité, la science ouverte, l'excellence de la recherche, l'égalité entre les hommes et les femmes, ainsi que la responsabilité sociale et environnementale, doivent faire partie intégrante de chacune des futures réalisations de l'Alliance », a-t-il affirmé.

Le directeur général délégué de l’IRD a conclu sur des mots de remerciements à destination des institutions de recherche européennes avec lesquelles l’Institut a entamé un dialogue sur cette initiative, ainsi qu’à l’attention de la Commission pour son intérêt et son soutien.

 

Pour plus d'informations, contacter la représentation de l'IRD à Bruxelles.