Séminaire Alimentation durable, des enjeux environnementaux à la santé dans les Corbières

Mélanie Antoine, ingénieur d’études en nutrition à l’IRD*

Les prévalences de sous-nutrition demeurent inquiétantes dans les contextes du Sud et en parallèle, le surpoids, l’obésité, les maladies non-transmissibles (diabète, maladies cardio-vasculaires, cancers) et le risque de carences en micronutriments ne cessent d’augmenter, autant au Nord qu’au Sud. Les régimes alimentaires déséquilibrés, qui sont influencés par l’environnement alimentaire des individus, contribuent fortement à l’émergence des maladies non-transmissibles et à la surcharge pondérale. Par ailleurs, la consommation d’aliments ultra-transformés, formulation présentant une matrice alimentaire restructurée et contenant beaucoup d’ingrédients (ex : sucre, sel, graisses, additifs), favoriserait l’apparition de la surnutrition et des maladies non-transmissibles. La consommation de viande rouge (transformée ou non) a quant à elle été associée à une augmentation du risque de la mortalité via les maladies cardio-vasculaires.

* Mélanie Antoine travaille dans l’équipe Alimentation, Nutrition, Santé des populations sur les problématiques de malnutrition dans les pays du Suds et intervient sur un projet multi-pays (projet MERIEM – Burkina Faso, Niger et Mali) dont l’objectif est de mettre sur le marché à large échelle des produits fortifiés à destination des jeunes enfants (6-23 mois) et des femmes en âge de procréer.

Guillaume Coulouma, ingénieur pédologue à l’INRAE*

Le sol constitue un élément essentiel pour l’agriculture et pour les services environnementaux. De nombreuses fonctions des sols sont impactées par l’agriculture. En particulier, les états de la surface des sols cultivés dépendent directement des pratiques agricoles. Cette interface entre la pluie et le sol plus profond jouent le rôle d’un filtre. C’est principalement elle qui guide le partage entre le ruissellement et l’infiltration de l’eau. En conséquence, la genèse des crues et les phénomènes d’érosion des sols sont en relation avec les pratiques agricoles et l’intensité des pluies. Par ailleurs, l’utilisation de produits phytosanitaires en agriculture entraine des contaminations des eaux et des sols, difficiles à quantifier. Cet exposé propose d’entrevoir quelques aspects de ces liens directs entre pratiques agricoles, flux d’eau et contaminations.

* Guillaume Coulouma gère le site expérimental de Roujan de l’Observatoire de Recherche en Environnement OMERE, et mène des recherches sur la caractérisation des propriétés de sols, en lien avec les transferts d’eau et de contaminants.

Michel DURU directeur de recherche à INRAE*

Notre alimentation impacte notre santé, par la composition des produits agricoles, leur degré de transformation, et le choix de nos aliments. Evidemment, la qualité de notre environnement (eau, air…), ainsi que de notre mode de vie (sédentarité, tabac…) sont aussi des facteurs essentiels. Mais nos choix alimentaires impactent aussi l’environnement, notamment le niveau des émissions des gaz à effet de serre. En outre, les performances agricoles et les quantités d’engrais et de pesticides utilisées pour la production des produits végétaux et animaux dépendent aussi de la manière dont les agriculteurs se saisissent ou non de la biodiversité: les associations de culture, l'agroforesterie, la couverture permanente du sol l'encouragent, au contraire des monocultures. Il en est de même de l’association culture-élevage à privilégier par rapport à des élevages très spécialisés peu autonomes en protéines.

* Les recherches de Michel Duru, agronome, ont porté sur l’agriculture (cultures, élevage) et l’environnement. Actuellement, il travaille sur la « transition agroécologique des systèmes alimentaires ».