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Appréhender les eaux kanak et rendre compte des gouvernances hybrides tacites

SEMINAIRE SHS | Mardi 22 juillet de 13h30 à 15h30 à l'IRD

Séminaire en sciences humaines et sociales proposés par Séverine Bouard, Caroline Lejars, Catherine Sabinot, Delphine Coulange, Sonia Grochain. 

Les deux communications proposées s’inscrivent dans le projet GOUTTE (Gouvernance de l’eau sur terres coutumières), projet piloté par l’IAC et le CIRAD et financé par le CRESICA. Cette proposition de double séance est la seconde sur la thématique de la gouvernance de l’eau.

L’eau douce en Nouvelle-Calédonie : une gouvernance hybride. Une étude de cas des vallées de la Pouenlotch et du haut de la Hienghène

Présentation de Delphine Coulange, IAC -  anthropologue 

Cette communication propose une approche anthropologique des modes de gouvernance de l’eau sur foncier coutumier en Nouvelle-Calédonie. Grâce à l’analyse de l’eau et des territoires, nous questionnons l’hybridité de la gestion de l’eau. En construction perpétuelle, ce type de gestion impacte les positionalités (de l’anglais, « positionalities ») des acteurs, et les valeurs (Ioris, 2011) accordées à l’eau. Tiré de l’anglais « positionalities », ce concept repose sur le fait d’endosser plusieurs rôles pour un même acteur, le poussant par là même à faire appel à des systèmes de valeur divers.

Au regard des bouleversements induits pendant la période de colonisation, ce travail retrace les histoires de l’eau sur les vallées de la Pouenlotch et du haut de la Hienghène principalement, depuis les temps anciens (précoloniaux) jusqu’à nos jours. De la conception de l’eau dans la cosmologie mélanésienne, jusqu’à la façon de la distribuer, en passant par les usages associés, aujourd’hui, seules des bribes de cette gestion traditionnelle restent, glanées au gré des entretiens.

Débutée en mars 2019, la majeure partie de l’analyse se base sur un travail ethnographique réalisé à partir d’une 50aine d’entretiens semi-directifs menés entre les deux communes ciblées pour l’étude (Hienghène et Voh). S’appuyant sur ces enquêtes de terrain, cette présentation a pour vocation de donner matière à réflexion sur d’éventuelles innovations en termes de gouvernance de la ressource en Nouvelle-Calédonie. Par ce travail, nous dévoilons une diversité des modes de gestion de la ressource sur les terres coutumières, avec des structures sociales qui les composent et des enjeux dominants variés.

Les cinq eaux kanak, source d’approvisionnement et de tradition

Présentation de Sonia Grochain, IAC - docteure en sciences sociales, socio-anthropologue

La tradition des choses naturelles et surnaturelles portant sur l’étude de l’eau, l’huile et le gaz, est une partie de la tradition qui se distingue de la tradition sociale pure (les échanges de vivres comme la coutume ou le don)(Mauss, 1993). Son étude est essentielle pour mieux comprendre les rapports à l’environnement et les manières de gouverner les ressources précieuses et en particulier l’eau qui est porteuse de multiples dimensions.

Dans le cadre de nos recherches sur la gouvernance de l’eau, nous nous attachons à rendre compte des différentes manières de concevoir et de nommer l’eau en milieu kanak. En nous appuyant principalement sur le corpus de traditions orales conservé à l’Agence de développement de la culture kanak et de quelques données d’enquêtes, nous décrirons comment se distinguent les cinq eaux que sont la « vraie eau » aussi appelée « l’eau pure », « l’eau des Vieux », « l’eau des clans », « l’eau collective » et « l’eau des terres coutumières », et ce que ces traditions orales nous apprennent sur sa gestion.

Comprendre ce que représentent ces cinq eaux permettra de mieux envisager leur gouvernance et d’intégrer les acteurs souhaitant contribuer à cette gouvernance. 

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