SÉMINAIRE SHS
Mercredi 5 avril 2023 de 10h à 12h à l'IRD - salle de Documentation
par Amelle Aoudia
Doctorante en 3e année en sciences de gestion, à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, Laboratoire des recherches juridiques et économiques.
Sous la direction de Nathalie Angelé-Halgand et de Gulliver Lux, tous deux Professeurs en sciences de gestion, respectivement à l’Université de Sherbrooke et à l’Université du Québec à Montréal (Canada)
Dans le Pacifique insulaire Sud, les enjeux liés à l’alimentation sont particulièrement prégnants ; prévalence du surpoids et de l’obésité, grande part des produits importés, mise en péril des récoltes par les aléas climatiques (…). Dans le même temps, la norme nutritionnelle diffusée, qui tend à éduquer aux choix alimentaires, n’a pas les effets escomptés. Face au décalage persistant entre cette norme et l’expérience quotidienne des océaniens (Serra-Mallol, 2013), il se pose la question d’aborder l’alimentation autrement.
Aussi, l’alimentation est considérée comme un défi majeur et complexe de l’Anthropocène, défini en sciences de gestion comme l’ère à laquelle les organisations sont appelées à se réinventer (Heikkurinen & al, 2016), en se connectant au système Terre. A ce titre, la structuration des imaginaires1 et des récits représente un champ prometteur pour étudier les dynamiques de changement en cours (Acquier, 2019). Plus précisément, la construction d’imaginaires alternatifs autour de l’alimentation pourrait être déterminante dans la fabrique d’un système alimentaire plus soutenable (Valiorgue, 2020 ; Roux-Rosier, 2018).
En Nouvelle-Calédonie, des collectifs citoyens ouvrent les voies d’une action neuve en ce sens. C’est notamment à partir d’imaginaires partagés, articulés autour de la terre et de la nourriture, que les prémices d’une mise en action collective se dévoilent. Ces imaginaires prennent appui sur le lien qu’ont les populations calédoniennes à leur territoire, et sur le référentiel du comestible. Ces imaginaires prennent vie par le biais de pratiques narratives déployées auprès de diverses audiences.
Comment l’usage d’un imaginaire tourné vers le territoire permet-il d’appuyer l’action collective en faveur d’un système alimentaire plus soutenable ?
Les résultats proposés dans ce séminaire sont issus d’une recherche procédant par études de cas exploratoires. Celles-ci portent sur deux organisations citoyennes à but non lucratif, évoluant en Nouvelle-Calédonie : un cluster et une association. En plus de leur approche localisée de l’alimentation, ces organisations ont été sélectionnées pour leur opérationnalité, et pour leur fonctionnement participatif impliquant une dynamique réseau à l’échelle pays.
1 L’imaginaire tel que conceptualisé par l’un de ses pères fondateurs, Castoriadis (1975), est un ensemble de significations, de représentations, et d’affects, qui, une fois partagés par un collectif, permettent de dépasser l’existant et de créer la nouveauté.