SÉMINAIRE SHS

Mercredi 13 avril 2022 de 10h à 12h à l'IRD - salle 1

par Franck ENJUANES

Doctorant en Histoire au CREDO sous la direction d’Isabelle Merle et Vincent Géronimi.

Les importateurs, les négociants et les armateurs de Nouméa sont devenus des acteurs incontournables et influents en Nouvelle-Calédonie, car le système colonial et pénitentiaire ne pouvait se passer d’eux.

La Marine française s’est installée à Nouméa à l’aide d’un commerçant-santalier, James Paddon. L’Administration a nourri les rationnaires de la colonie, grâce à de nombreux marchés publics passés avec des armateurs et des négociants implantés en Australie. Le plus célèbre d’entre eux, John Higginson, a assuré sa fortune en obtenant d’importantes délégations de services publics : le transport du courrier et la liaison maritime du Tour de Côte. Louis Ballande bénéficiait du subventionnement de son fret pour ravitailler les marins en service en Nouvelle-Calédonie. Après 40 ans de libre-échange, en 1893, les importateurs payent leurs premiers droits de douane. Durant toutes ces années, les pouvoirs publics financent avec difficultés la construction et l’entretien des premières infrastructures maritimes.

L’aide au développement des quarante premières années de l’histoire calédonienne a largement bénéficié aux tenants du commerce. Le capital accumulé a été investi dans la terre et dans la mine, plutôt que dans une industrie de substitution aux importations, ce qui orienta la destinée économique de la Nouvelle-Calédonie coloniale.

Jean Freyss écrivait que « la préférence à l'importation ne s'explique pas (ou pas seulement) par le pouvoir des importateurs sur l'économie calédonienne. La causalité principale est inverse : c'est la rationalité du système qui crée cette tendance et donne aux importateurs ce pouvoir ». L’histoire des quarante premières années de l’économie de comptoir calédonienne nous en fournit une belle illustration.