Le 11 janvier 2021, lors du One Planet Summit, le Président de la République française Emmanuel Macron lançait l’initiative PREZODE, « Prévenir les risques d’émergences zoonotiques et de pandémies ». Près d’un an après, l’initiative a organisé, dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE), son premier événement, « Unissons nos forces pour échapper à l’ère des pandémies ». Une occasion de faire le point sur l’année qui vient de s’écouler et d’aborder les prochaines étapes clés dans l’agenda 2022 de PREZODE.

Logo de l'initiative PREZODE

© DR

La conférence, qui s’est tenue le 11 février dernier, était l’occasion de réunir tous les partenaires scientifiques, opérationnels et politiques de l’initiative afin de discuter des stratégies de prévention et de surveillance des zoonoses. À ce jour, PREZODE rassemble 7 pays (Mexique, Costa Rica, Belgique, France, Zimbabwe, Cambodge, Vietnam), ainsi qu’une centaine d’organisations à travers le monde – organismes de recherche, universités, ONG ou organismes privés – qui sont devenus partenaires de l’initiative en signant la déclaration d’intention PREZODE. L’événement a également permis de poursuivre les discussions engagées avec les pays européens et la Commission européenne afin d’améliorer la coopération avec PREZODE. « L’initiative PREZODE est un exemple emblématique de la mise en œuvre du concept One Health et d’une approche multi-latérale permettant le développement de complémentarité et de synergie, a rappelé Jean-Luc Angot, Envoyé spécial pour l'initiative PREZODE du Président de la République. De nombreuses activités ont déjà démarré dans les domaines de la préparation et de la réponse à la pandémie. Mais le financement des actions internationales liées à la prévention n’est pas suffisant, même si la prévention coûte près de 100 fois moins que le contrôle de nouvelles épidémies. Il est donc temps de manifester collectivement notre adhésion au principe de prévention », a-t-il poursuivi.

 

La crise de la Covid-19 a montré l’importance de prévenir l’émergence de maladies infectieuses, qui sont dans les ¾ des cas associés aux animaux et à l’effondrement de la biodiversité. Aucun continent n’est épargné par ces flambées épidémiques, qui ont quadruplé au cours des 40 dernières années. « Entre 1970 et 2008, l’Europe a connu 24 événements de propagation de maladies infectieuses, dont la moitié était liée à des bactéries ou parasites d’origine alimentaire. Ces dernières années, les cas de virus du Nil, transmis à l’être humain par les moustiques, ont explosé sur le continent européen. En 2020-2021 encore, l’Europe a traversé une épidémie d’influenza aviaire hautement pathogène, l’une des plus grandes jamais connues », a détaillé Benjamin Roche, conseiller scientifique « Une seule santé » de la présidente-directrice générale de l’IRD.  Pour le spécialiste de l’écologie de l’évolution des pathogènes, cela montre que « nous avons réellement besoin de changer notre paradigme, combiner la préparation avec une meilleure prévention. » Ce changement repose prioritairement sur la mise en place de réseaux de surveillance « One Health » plus forts à travers le monde, en particulier dans les pays du Sud, et l’adoption de nouvelles stratégies de prévention intégratives et durables afin de rendre les socio-écosystèmes résilients à ces émergences. « La production de connaissances scientifiques, fondée sur une recherche interdisciplinaire, est primordiale », a appuyé le scientifique. A travers la mobilisation de ses chercheurs des départements scientifiques « Santé et Société » (SAS) et « Ecologie, Biodiversité et Fonctionnement des Ecosystèmes Continentaux » (ECOBIO), l’IRD apporte son expertise en matière de santé globale, en particulier en santé humaine, santé du végétal et biodiversité.

En 2021, des ateliers de co-construction ont été organisés dans 9 régions du monde, dispositif qui a été complété en 2022 par deux ateliers scientifiques internationaux ayant permis d’évaluer les besoins en connaissances. Ce travail aboutira à l’élaboration de la feuille de route scientifique et opérationnelle de PREZODE pour la prochaine décennie. Au cours de cette première année, l’initiative a reçu une dotation de 30 M€ de la part de l’Agence Française de Développement (AFD), ainsi qu’un montant équivalent pour la recherche académique dans le cadre des « Programmes et équipements prioritaires de recherche » (PEPR) du quatrième programme d'investissements d'avenir (PIA4). Cela va permettre à l’initiative de lancer son premier programme opérationnel, AFRICAM, dans 5 pays du Sud (Cambodge, Cameroun, Guinée, Madagascar et Sénégal), ainsi que son premier programme de recherche. Dans les prochaines semaines, se tiendra la première réunion du comité des pays signataires et des partenaires institutionnels afin d’échanger sur la gouvernance de PREZODE et sa feuille de route 2022.