Alors que l’épidémie de Mpox continue sa propagation inquiétante sur le continent africain, touchant notamment de plein fouet la République démocratique du Congo et les pays frontaliers, l’IRD et ses partenaires ont récemment publié une étude sur la transmission du Mpox, contribuant aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Focus sur les actions de l’IRD, fortement engagé dans la recherche sur les maladies infectieuses émergentes, et plus globalement sur la santé des populations.
Coportée par l'unité TransVIHMI et publiée le 14 août en preprint, l’étude sur la diversité génétique du Clade 1 du Mpox en République démocratique du Congo (RDC) distingue deux sous-variants dont la propagation diffère, avec des transmissions essentiellement zoonotiques dans les régions où le virus est présent traditionnellement (sous-variant Clade 1a), tandis que l'éclosion du virus dans l'Est du pays est due à une transmission interhumaine (sous-variant Clade 1b). La lutte contre l'épidémie implique donc une action coordonnée aux niveaux national, régional et international pour limiter les contaminations interhumaines.
Cette publication importante est loin d’être une recherche isolée. L’Institut mène en effet depuis de nombreuses années un travail durable en partenariat sur les maladies émergentes. VIH, Ebola, Sars Cov 2, Mpox, toutes les grandes épidémies sont au cœur des travaux de l’IRD, qui porte une approche One Health, en réunissant épidémiologistes, virologistes, infectiologues, anthropologues, écologues, ou encore zoologistes.
« Nous sommes des chercheurs engagés dans la réponse aux urgences sanitaires. Face à cette nouvelle épidémie notre urgence est d’aider à préparer les autres pays. La mobilisation de l’IRD depuis de nombreuses années à travers des dispositifs comme les PRISME, les initiatives et les projets en partenariat vise à renforcer les compétences locales et le transfert des savoirs. », Éric Delaporte, médecin infectiologue, directeur scientifique du département Santé et sociétés (SAS) de l'IRD et directeur de l'unité TransVIHMI.
TransVIHMI : acteur de l'expertise à l'IRD
Créée il y a près de 20 ans et coportée par l'IRD, l'université de Montpellier et l'Inserm, l'unité TransVIHMI effectue des recherches transversales pluridisciplinaires en virologie, parasitologie, clinique, épidémiologie, santé publique et sciences sociales, principalement sur l'infection du VIH, les endémies infectieuses tropicales et les maladies infectieuses émergentes, apportant ainsi une expertise majeure dans ces domaines. Parmi les nombreux projets portés par l'unité, deux s'inscrivent particulièrement dans les besoins internationaux urgents de compréhension et d'action face aux épidémies actuelles : PANAFPOX et AFROSCREEN.
PANAFPOX : une approche One Health pour étudier et mieux lutter face au virus Mpox
Déployé en République démocratique du Congo, au Cameroun, en Guinée et au Bénin, le projet PANAFPOX étudie par une approche multidisciplinaire, les animaux réservoirs du virus Mpox, les infections asymptomatiques dans les populations humaines, la diversité génétique et l’évolution du virus. Il vise à mieux comprendre les transmissions de l’épidémie dans les pays endémiques et notamment si elles sont de source animales ou interhumaines. Ce projet est porté par la virologue Martine Peeters, directrice de recherche à l'unité TransVIHMI.
AFROSCREEN : surveiller l’évolution des variants du SARS-CoV-2 et d’autres pathogènes émergents dans 13 pays d'Afrique
Lancé en juillet 2021, conjointement par l’Agence française de développement (AFD) et l’ANRS Maladies infectieuses émergentes, en partenariat avec l’Institut Pasteur et l’IRD, AFROSCREEN vise à surveiller l’évolution des variants du SARS-CoV-2 et d’autres pathogènes émergents en travaillant aux côtés de laboratoires de 13 pays d'Afrique pour renforcer leurs capacités de séquençage, qui servent aujourd’hui à la réponse à l’épidémie de mpox. Trois ans après son lancement, le projet AFROSCREEN a permis :
- L'amélioration des capacités de détection et de séquençage du SARS-CoV-2 des 21 laboratoires du réseau en fournissant des équipements (séquenceurs, réactifs, matériel de laboratoire)
- La formation de plus de 150 personnes en charge du séquençage, de l’analyse et du partage des données
- La création et l'animation du réseau des laboratoires partenaires d’AFROSCREEN, composé de 25 partenaires répartis dans 13 pays d’Afrique
- La mise en place, la réactivation et le soutien de 77 sites sentinelles pour la réalisation d’enquêtes épidémiologiques et de collectes d’échantillons, ainsi que pour la surveillance du SARS-CoV-2 et de ses variants
L'IRD au cœur de de la coopération internationale
Convaincu que les solutions et les actions au défis sanitaires globaux découlent d'un travail transdisciplinaire croisé au niveau local, national et international, l'Institut est engagé dans des projets d'envergure, notamment le déploiement de Plateformes de recherche internationale en santé mondiale (PRISME) et le projet Preventing zoonotic disease emergence (Prezode).
PRISME : renforcer la collaboration scientifique internationale autour des enjeux de santé
La plateforme PRISME est un outil essentiel de l'IRD et de ses partenaires, qui permet d'offrir un cadre de travail scientifique en partenariat durable. Une fois mise en place, cette structure perdure sur le long-terme, au-delà du projet. La plateforme PRISME a été jusqu'à présent déployée en collaboration avec trois pays :
PREZODE : prévenir les zoonoses pour lutter contre leur risque d'émergence et leur propagation
Rassemblant plus de 160 membres issus des mondes scientifique, académique et associatif, ainsi que plus de 1 500 scientifiques, l'initiative PREZODE a pour objectifs améliorer la compréhension des mécanismes d'émergence de maladies zoonotiques, identifier les principaux facteurs biologiques, écologiques et socio-économiques à l’origine du risque d'émergence et renforcer la capacité des populations à y répondre. Basée sur une approche One Health, PREZODE mise sur la co-construction en impliquant tous les acteurs, du niveau local au niveau international, concernés par la prévention des risques émergents.
Renforcement des capacités
L'IRD est impliqué dans un certain nombre d'initiatives visant à renforcer les capacités de compréhension et de prévention des maladies émergentes via le renforcement des capacités des régions concernées, à travers la formation, le renfort matériel, ou encore le développement de processus opérationnels.
EBO-SURSY : renforcer les capacités face aux fièvres hémorragiques virales et améliorer la surveillance des virus
Porté par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), en partenariat avec l'IRD, l'Institut Pasteur et le Cirad, le projet EBO-SURSY vise à renforcer les systèmes locaux et nationaux de détection précoce des maladies zoonotiques transmises par la faune sauvage. Il s'articule autour de trois objectifs principaux :
- Développer les capacités institutionnelles et l'approche One Health par l’enseignement et la formation
- Sensibiliser davantage les communautés aux maladies zoonotiques
- Améliorer les protocoles de surveillance des maladies zoonotiques par des enquêtes de terrain et des tests de dépistages plus efficaces
EBO-SURSY est actuellement déployé dans les dix pays suivants : Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Liberia, République centrafricaine, République du Congo, République démocratique du Congo, Sénégal et Sierra Leone
Ressources
Alerte : un jeu pour se plonger dans la surveillance des fièvres hémorragiques
Codéveloppé par l’OIE, l’IRD, l’Institut Pasteur, le Cirad et l’éditeur de jeu Bioviva, Alerte est un outil pédagogique utilisé notamment pour sensibiliser les agents de terrain impliqués dans la chaine de surveillance de la maladie, dans dix pays africains. L’objectif : identifier les foyers de fièvre hémorragique survenant dans la faune sauvage et réagir le plus rapidement possible.
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